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Camille Judet Chéret : j’espère dépasser les 70% cette année. C’est un bel objectif !

S'il y a bien un couple qui a de quoi être satisfait de son début de saison, c'est bien Camille Judet Chéret et Scoop du Bois Luric. Non content d'établir de nouveaux records personnels sur les CDI de Jerez de la Frontera auxquels il participait en mars, le couple de Pamfou Dressage réitérait sur le CDI 4* du Mans, tant sur le Grand Prix que la reprise libre. Du haut de ses 16 ans, le selle français de la trentenaire semble d'ailleurs en avoir encore sous le sabot … Explications.


Depuis les CDI de Jerez de la Frontera, Scoop du Bois Luric a montré qu'il avait beaucoup progressé. Sur quels points avez vous orienté votre travail d'hiver ?

Scoop a fait une très belle saison en Grand Prix en 2018, remportant notamment le Grand National de Compiègne et se classant 2e du circuit avec l’écurie Aulion Sellier. Après une belle performance lors du CDI de Compiègne au printemps 2019, le cheval s’est blessé en tirant au renard à l’attache en salle de préparation. La saison entière a été compromise. Nous avons d’abord mis un certain temps à identifier la cause du problème avant de finalement diagnostiquer et soigner une douleur à la nuque. Malheureusement, le mal était fait et le cheval appréhendait vraiment la douleur. Il se braquait systématiquement sur le piaffer. Cela ne lui ressemble vraiment pas. Scoop n’a pas les allures les plus démonstratives mais c’est un cheval généreux, courageux et fiable. Il a fallu revenir en arrière, reprendre confiance sur des choses simples, réapprendre à piaffer en quelque sorte. Le simple fait de tourner sur le doubler au passage dans la largeur du Grand Prix l’angoissait. Il a fallu prendre son temps pour reconstruire. En 2020, nous avons rétrogradé au niveau Pro 1. Après presque deux années d’hésitation et de doute, le cheval a repris de l’assurance et progressivement moi aussi. La saison 2021 nous a remis le pied à l’étrier. Le cheval a été fantastique, il a parfaitement joué son rôle aux côtés de Gotilas pour sécuriser la victoire dans le Grand National. 2022 a commencé sur les chapeaux de roues, Scoop améliorant ses scores de près d’un pour cent à chaque CDI, se classant en Espagne pour finalement assurer un podium au 4* du Mans avec près de 70%. Une fois la confiance entre nous rétablie, il s’est agi essentiellement de peaufiner le tracé, de soigner les détails puis d’ajouter de la puissance. Avec Scoop, je répète finalement très peu les exercices. Cet hiver, j’ai passé beaucoup de temps à travailler la rectitude, j’ai multiplié les transitions, en prêtant par exemple une attention toute particulière aux arrêts car il y en a trois dans le Grand Prix. J’accorde aussi toute ma concentration aux passages de coin qui déterminent indéniablement la qualité de l’exercice suivant. Le cheval est dressé, il connaît les mouvements par cœur, inutile de le fatiguer en abusant de répétitions. Je me suis concentrée sur la réactivité et le contact, me focalisant sur la qualité de la connexion pour permettre d’étendre son cadre et d’engager davantage ses postérieurs. Aujourd’hui, le cheval obtient des 8 au piaffer, au passage, sur les pirouettes au galop. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Cet hiver, j’ai consacré beaucoup de temps au passage de cavalettis, y compris au pas. J’ai pris le temps de l’emmener en forêt, plusieurs fois par semaine. Évoluer en terrains variés et vallonnés l’aide énormément à gagner en amplitude et en décontraction au pas. Mon objectif a été d’approfondir son cardio mais aussi de développer sa musculature.


Scoop du Bois Luric a aujourd'hui 16 ans. Est-il selon vous arrivé à maturité ?

Non, je ne crois pas. C’est incroyable de se dire qu’à seize ans, le cheval va mieux que jamais. Avant et après chaque concours, il passe systématiquement par la case check up vétérinaire et nous sommes à chaque fois surpris de le trouver en grande forme. Physiquement, le cheval ne s’est jamais mieux porté. Il est plein d’énergie et de souplesse. Mentalement, il déborde de motivation. Techniquement, j’ai la chance qu’il continue de progresser chaque jour. C’est toute la beauté de notre sport : les perspectives d’évolution existent toujours, il y a éternellement une place pour le progrès. A Pamfou, nous menons une réflexion permanente pour tenter d’optimiser la préparation de nos chevaux. Nous installons un aquatrainer, aménageons en permanence les espaces de travail et développons constamment nos techniques d’entraînement afin de progresser vers le plus haut niveau, le tout en assurant le bien être de nos chevaux. Il me semble important de chercher constamment à me remettre en question en tant que cavalière. Je prends très sérieusement l’entraînement quotidien que je reçois d’Isabelle, Corentin et Norbert. Je travaille dur physiquement et mentalement avec mes coachs pour être à la hauteur de mon cheval qui lui est sur une pente ascendante régulière. Je n’ai jamais eu une telle soif d’apprendre et envie d’évoluer, une telle ambition quelque part. Mon cheval me transmet cette énergie et cette force car il me prouve qu’il n’y a aucune limite, ni cette de l’âge, ni celle de la qualité intrinsèque. Seulement du travail, de la passion et de l’amour. De la confiance aussi. Et j’ai confiance en lui. Si je fais mon travail correctement, je pense que Scoop est capable de sécuriser ce niveau, voire même d’augmenter encore ses scores. A ce jour, je ne comptabilise encore aucun Grand Prix sans faute ! Je commence à peine à pouvoir reproduire en piste ce que nous sommes capables de réaliser à la détente. Au Mans, j’ai déjà identifié plus d’un pour-cent et demi bêtement perdu. Il va falloir que je redouble de concentration et de précision si j’espère dépasser les 70% cette année. C’est un bel objectif !

Quels points restent à votre avis perfectibles ?

De manière générale, nous cherchons toujours à améliorer le cadre, l’attitude, le contact, la qualité du rassembler. J’ai encore beaucoup de travail à produire pour rechercher davantage de décontraction et d’engagement. J’ai reçu tellement de compliments sur l’évolution de mon cheval lors du CDI du Mans. De nombreux cavaliers professionnels et juges internationaux m’ont dit être bluffés par les progrès faits sur le fonctionnellement de base. J’en profite pour les remercier ici, ils représentent collectivement une source intarissable d’inspiration et de motivation. J’ai beaucoup ri puis beaucoup pleuré tellement la fierté et l’émotion étaient fortes lorsque Carlos Pinto m’a dit que j’avais transformé un teckel en vrai beau cheval de Grand Prix ! Il m’a assuré ne pas l’avoir reconnu tant le cheval avait changé dans son équilibre. La reconnaissance de mes pairs me touche sincèrement. Pratiquer un sport individuel est parfois un challenge car nous sommes finalement plutôt isolés chacun dans nos carrières respectives. J’ai la chance de travailler en famille, mais un mot gentil ou un encouragement venu de l’extérieur met toujours du baume au cœur. Viser une constante progression dans le dressage de Scoop est une source quotidienne de motivation. On redouble d’efforts parce qu’un 7 ne suffit plus pour un arrêt, un reculer, un départ au galop. Parce que toutes les transitions doivent encore être plus fluides, parce que les incurvations doivent être plus perméables, parce qu’il faut gommer toutes les hésitations, éliminer les fautes encore trop nombreuses. Le but est de pouvoir monter toutes les foulées à 100%, de ne rien retenir, de ne rien protéger, de prendre encore plus de risques parce que le contrôle s’améliore, de mettre encore plus d’impulsion parce que l’équilibre le permet. De reproduire en piste ce que nous sommes capables d’obtenir à la maison, de n’avoir en fin de Grand Prix ni remords ni regrets. Nous n’y sommes pas encore !


Comment envisagez vous la suite de la saison ? Avez vous des objectifs précis ?


J’ai comme objectif l’amélioration de notre record personnel avec en ligne de mire la fameuse barre des 70%. J’aspire à me faire plaisir sur des concours internationaux de qualité. Lors du CDI4* du Mans, nous avons sécurisé notre sélection pour le CDI3* de Compiègne où peu de couples français seront finalement présents, la FFE n’ayant obtenu que treize places au total. Ayant été 4e meilleur couple français (Grand Prix pour Spécial et Grand Prix pour Freestyle confondus) au Mans, nous avons assuré notre ticket pour l’international suivant. Il faut continuer sur cette lancée pour pouvoir prétendre participer à des concours de plus grande envergure. Après une saison très nationale en 2021 pour jouer à 200% la carte du Grand National pour notre partenaire Aulion Sellier, nous aspirons désormais au voyage. Le ton a d’ailleurs été donné par notre tournée espagnole en mars dernier.

Vous avez récemment annoncé la fin de votre collaboration avec la princesse de Thaïlande. Comment vivez vous le départ de Duke of Swing avec qui vous avez enregistré plusieurs bons résultats ?

Il a toujours été très clair que Duke of Swing n’avait pas vocation à devenir un cheval pour l’équipe de France. Malgré ses excellents résultats (il figurait parmi les rares chevaux répondant aux critères du Groupe 1 au début d’année olympique) sa propriétaire a depuis le début été transparente sur ce point. Par conséquent, aucune déception n’est à déplorer car j’ai continué tout du long à compter sur mes propres chevaux pour atteindre le plus haut niveau. A noter que c’est précisément la raison pour laquelle Corentin et moi même avons tenu à construire notre système autour de l’achat de jeunes chevaux. Nous tenons à être au moins en partie propriétaires des chevaux avec lesquels nous concourons, ou d’être au minimum lié par un engagement contractuel fort avec les propriétaires. En tant que cavalier de haut niveau, il est indispensable d’être au contrôle de l’avenir et d’investir son temps comme son énergie dans des projets à long terme. Nous entretenons ce type de relation extrêmement précieuse avec Marc Majurel, propriétaire de Scoop et Françoise Bourgeois, propriétaire de Vicomte de Reyves. Nous vivons avec eux une aventure, partageons un projet commun ; c’est un lien très fort qui nous unit autour de leurs chevaux. Avec la princesse de Thaïlande, nous étions entraîneurs avant tout ; le fait de monter les chevaux en concours a toujours été uniquement un bonus. Un chapitre s’est fermé après près de quatre années de collaboration et nous nous tournons, enthousiastes et sereins vers l’avenir.


A Jerez, vous débutiez également Dancing Highness en CDI, la jument avec laquelle vous étiez l'année dernière 3 ème du Championnat de France Pro 2. Constitue-t-elle à ce jour une relève pour le Grand Prix ?

Le plan pour « Monkey » était initialement d’arrêter le Petit Tour après sa médaille aux Master Pro 2021 avec comme objectif de la préparer pour le Grand Prix. C’est une jument qui a un talent remarquable pour le piaffer et le passage notamment. Elle a un super mental, est très fiable en piste. Tous les mouvements du Grand Prix sont maîtrises, il suffit maintenant de tout mettre bout à bout, de prendre de la maturité et de la routine sur les enchaînements. Monkey nous a accompagnés en Espagne dans l’optique de faire l’expérience d’un long voyage et de bénéficier des conseils de notre entraîneur Norbert van Laak qui était également du voyage. Il n’était pas prévu qu’elle concourt. Devant la difficulté à trouver des créneaux d’entraînement pour les chevaux ne participant pas au concours (peu de pistes disponibles), nous avons décidé d’engager Monkey sur le Petit Tour la deuxième semaine. Elle n’avait pas enchaîné depuis juillet 2021. Cela ne l’a pas empêchée de gagner l’Inter I et d’être seconde du Saint Georges dans des conditions extrêmement difficiles (une détente de dix minutes dans le noir et sur une piste inondée à 21h30). Bien qu’il faille qu’elle prenne encore beaucoup de force et d’endurance avant de débuter sur le Grand Prix, je crois beaucoup en cette jument. Nous partageons une relation très forte, avons des caractères très similaires. Nous l’avons achetée alors qu’elle n’avait que quelques semaines. C’est une jument avec laquelle je prends autant de plaisir à passer du temps à pied, qu’à aller galoper dans les champs, à monter en concours ou travailler en dressage. Ce type de relation me semble magique. Je vais la laisser tranquillement se familiariser avec les mouvements du Grand Prix durant l’année 2022 en espérant la débuter l’an prochain. Nous ne sommes pas pressées, d’autant plus que Scoop va très bien et assure parfaitement son rôle de cheval de tête. Avoir le temps est une chance dans notre sport. Propriétaire de ma jument, je ne subis aucune pression quant à la vitesse de son apprentissage. J’ai donc le luxe d’attendre qu’elle soit prête, physiquement aussi bien que psychologiquement. Je compte bien en profiter …


crédit photo : Boulerie Jump

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