Jessica Michel Botton : je m'étais fixée l'objectif de participer à la Grande Semaine avec So Secret
Après quelques mois passés loin des carrés pour cause de pause bébé, Jessica Michel Botton fera la semaine prochaine à Saumur son retour à la compétition, non seulement avec So Secret, un des favoris du Championnat des 4 ans (voir ICI), mais aussi sur le niveau Pro 1 avec Dorian Grey de Hus son, ex-triple Champion de France 4/5/6 ans (voir ICI) ; l'occasion pour Dressprod de prendre quelques nouvelles de la cavalière du Haras de Hus.
Après 3 ans sans compétition, Dorian Grey de Hus aborde désormais le Grand Prix. Pourquoi avoir choisi Saumur pour son retour ?
Beaucoup de questions m'ont été posées, notamment sur les réseaux sociaux, quant à son retour à la compétition. Dorian n'est pas retourné sur un terrain de concours depuis 3 ans car il s'est blessé à deux reprises, et même si elles n'avaient pas d'impact pour son avenir sportif, ces blessures ont néanmoins nécessité du temps pour être parfaitement soignées. Nous avons perdu quasiment deux ans.
A Saumur, l'idée est donc de voir comment il se comporte. Comme je participe à la Grande Semaine avec So Secret, et que je ne vais monter, pour une fois, qu'un seul cheval dans les épreuves Jeunes Chevaux, j'ai souhaité profiter de la présence sur place de Hans Heinrich Meyer zu Strohen et Ariane Pourtavaf pour le travailler en conditions de compétitions, avec le mouvement, le bruit et les autres chevaux autour. Je l'ai donc engagé dans l'Inter II ; une reprise tout à fait à sa portée car il travaille plutôt aujourd'hui sur le Grand Prix Pro Élite. Néanmoins, comme il est très chaud et peu sorti, dans un contexte de concours les choses peuvent se compliquer même si techniquement, à la maison, il maitrise très bien la reprise. Il est donc engagé, et, si tous les indicateurs sont au vert, je déciderai de concourir si je sens que ça peut être une expérience positive pour lui. Je suis conscience qu'il sera très certainement chaud, mais il le sera aussi dans quelques mois si j'attends. Nous verrons ensuite au fur et à mesure de son évolution et des opportunités qui se présentent sachant que je ne suis pas certaine que le contexte indoor de la saison hivernale qui s'annonce soit pertinent pour son évolution.
Comment avez-vous vécu les Championnats du Monde Jeunes Chevaux de Ermelo ?
C'était forcément pour moi différent, surtout avec un nouveau né : je n'ai donc pas pu regarder tous les concurrents. J'adore néanmoins ce concours : les Championnats du Monde Jeunes Chevaux sont toujours d'un niveau technique très relevé, avec une évolution positive depuis que je participe à ce rendez-vous tant sur l'importance de la bonne équitation, la fluidité que l'homogénéité. Dans les Finales, le niveau est toujours très élevé et c'est une vraie performance d'atteindre les 15 premières places : même les derniers de la Finale font globalement de bonnes reprises. Ermelo est un terrain exceptionnel, même si mon cœur est à Verden puisque c'est là que j'ai gagné ma médaille de bronze, mais aujourd'hui la qualité d'accueil d'Ermelo est à mon sens supérieure, pour les terrains dans leur ensemble et la piste principale qui est plus facile pour les chevaux et plus impressionnante pour le public. C'est toujours intéressant d'être sur place pour s'inspirer, construire ses reprises et continuer de progresser.
Cette année, j'étais donc en position d'entraineur de Claudia Chauchard : c'était l'objectif de la saison. Mon expérience me permettait cependant de savoir pertinemment qu'accéder à la grande Finale n'était pas réalisable. Le cheval de Claudia, Apachi, a un un trot extraordinaire et est très doué pour changer de pied et se rassembler, mais son pas manque encore de liberté d'épaules. Claudia est très compétitrice, avec un bon sentiment en piste et une vraie capacité à reproduire le travail mené en détente. Il me semblait tout à faire envisageable qu'ils se classent dans la petite Finale et c'est ce qu'ils ont fait, j'étais donc très fière d'eux. C'est évidemment une grande satisfaction en tant qu’entraineur et j'étais contente pour elle, surtout après la perte de Swing de Hus (voir ICI). Elle a réussi à s'accrocher à cet objectif pour avancer.
Quel regard portez-vous sur la reprise de l'équitation après un accouchement ?
Je suis remontée assez tôt suite à ma césarienne : j'étais à cheval 6 semaines après mon accouchement, ce que je considère déjà comme rapide, sachant que j'ai suivi la rééducation nécessaire demandée par les professionnels de santé. Je ne suis remontée qu'avec leur accord. Certaines cavalières se remettent à cheval une semaine après, ce qui peut être une prise de risques mais on peut imaginer qu'elles ont eu le feu vert de leurs médecins ou qu'elles montent mais qu'elles ne font que du pas. Les communications sur les réseaux sociaux ne permettent pas de connaitre le détail de chaque situation. Il faut à mon sens avoir l'accord du corps médical pour ne pas connaitre ensuite de graves soucis de santé, il faut mieux prendre son temps.
Comment s'organise donc la reprise de votre activité ?
Je ne monte que deux chevaux en ce moment : je suis dans un processus de rééducation long, je n'ai pas encore retrouvé le corps d'avant ma grossesse. J'ai aussi des enfants pour en profiter, je garde donc du temps pour m'occuper d'eux, d'autant que le temps passe vite et qu'ils deviennent vite des adolescents qui ne veulent plus nous voir (rires). Avec Tom, j'avais repris à 100% beaucoup plus rapidement, je l'avais regretté, je ne veux donc pas faire deux fois cette erreur. J'avais ainsi décidé que je reprendrais rapidement mais avec peu de chevaux, et sur une période plus longue. En 2023, je serai donc à 100%. Pour le moment, Djembe de Hus reste ainsi avec Marcus Hermes et Don Amour Waverley avec Manuel Dominguez Bernal. Ils reviendront en temps voulu. L'écurie n'est pas pour autant à l'arrêt puisque nous avons quand même 10 chevaux : Gonzalo (ndlr : son cavalier depuis 2020 - voir ICI) est mis à contribution plus fortement mais il est très content de davantage monter ; cette situation lui met un peu plus de pression mais c'est comme ça qu'on évolue. Nous avons beaucoup de 3 et 4 ans et c'est quelque chose que j'aime bien, je prends toujours autant de plaisir à construire les jeunes chevaux.
Comment abordez-vous cette nouvelle édition de la Grande Semaine ?
Je m'étais fixée l'objectif de participer à la Grande Semaine avec So Secret si tout allait bien, c'est pour cette raison que je l'ai qualifié moi même. C'est un cheval dont je suis copropriétaire avec Claudia Chauchard (ndlr : comme Don Amour Waverley avec qui elle remportait l'année dernière le Championnat des 4 ans - voir ICI ) : nous l'avons choisi à l'âge de deux ans. Il a déjà fait de grosses performances pour un 4 ans et c'est un cheval très stable dans sa tête, c'est pour cette raison que j'ai pu le monter jusqu'à un stade avancé de ma grossesse. Gonzalo aura 6 chevaux dans les cycles libres et les 3 ans : les classiques me semblaient un objectif un peu ambitieux d'autant que j'ai été beaucoup absente cet été, il s'est donc parfois retrouvé un peu seul. Nous avons notamment Noudje Grootenhout qui a été qualifié par Alizée Roussel mais qu'elle ne pouvait pas monter sur la Finale des cycles libres (ndlr : en raison de sa participation aux classiques 6 ans). Gonzalo présentera d'ailleurs, Jorian Star de Hus, le propre frère de Dorian dans les 3 ans, et qui m'appartient.
crédit photo : Tomek Sport photos