Et maintenant ?
Lundi matin, 5h30 : après une intense semaine de production, difficile de se relancer après quelques jours passés entre tension et excitation. Les réflexions matinales fument davantage que la tasse de café déjà froide.
Après 7546 (sic !) polémiques ces derniers mois, le dressage était attendu à Versailles, scruté, décortiqué, comme le sont désormais les sports équestres, au carrefour de leur destinée olympique : entre changement du rôle de l'animal dans la société et image des sports équestres franchement écornée, nul doute qu'il faudra évoluer pour simplement continuer d'exister. A priori en 2028, l'équitation aura sa place à Los Angeles, là où elle l'avait déjà en 1984. Mais après ? Si Paris offrait quelques jolies surprises venues, entre autres, de petites nations, des représentations du contact qui poussaient aussi à se (ré)interroger, si oui, non, pourquoi, comment, le cheval doit pouvoir ouvrir la bouche sur un rectangle de compétition ou s'il s'agit de signes de contractions, la présentation de quelques chevaux à la morphologie plus atypique, que la meilleure des éducations ne saurait parfaitement corriger, interroge aussi quant à leur avenir sur les carrés, s'il est encore possible de les présenter dans une discipline qui a fait de la recherche de la perfection, de la critique et du jugement ses marqueurs premiers, quitte à tomber dans une forme d' « instagramisation » de l'équitation. On pourra aussi regretter le déni dans lequel certaines fédérations semblent continuer de s'enfermer, sans, semble-t-il, s'interroger et intégrer réellement les enjeux de l'image renvoyée, de la pérennité du sport pratiqué : à l'heure des nombreuses critiques exprimées, il serait peut-être parfois nécessaire de prioriser l'harmonie sur le spectaculaire, la discrétion et la communion sur l'expression lorsqu'il s'agit d'envisager qui intégrera ou non une sélection … La ferveur constatée hier, la fréquentation très « people » des derniers jours permettaient au moins de répondre à une question : non le dressage et les sports équestres ne sont pas encore tout à fait condamnés.
Comme certains l'ont remarqué, Dressprod a aussi choisi, pour le moment, de couper purement et simplement l'interactivité « offerte » par les réseaux sociaux. Après 8 ans d’existence, Dressprod n'a pas changé de vocation : celle d'être un canal d'information, d'actualités par ailleurs modestement, ponctuellement, peu ou pas traitées, et non un lieu de débats débridés, déchirés, et affranchis de toute opposition courtoisie, chacun pouvant procéder à ce type « d'échanges » sur ses propres pages/comptes. Entre les centaines, parfois les milliers de notifications au gré de sujets propices à l'expression de toutes les plus vives émotions, petit à petit, sournoisement, tensions et questions se sont un peu trop invitées jusqu'à la pointe du crayon, quitte à en perturber la vocation, la santé et la sérénité du messager. Il était donc temps de souffler, quitte à ce que d'aucuns aient un peu le sentiment qu'on leur ait coupé le sifflet ; un temps de pause nécessaire pour continuer à exister, se protéger et qui sait, trouver comment réinventer le rapport à l'information, à l'expression, dicté par des réseaux sociaux dont le rôle (destructeur ?) sur la société pourrait être largement discuté, souvent loin de la Charte de l'olympisme qui nous occupe encore cette semaine « promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ». A l'heure où chacun à ses propres canaux de communication, Dressprod va donc se recentrer sur son ambition d'apporter une information plutôt que de participer à l'amplification de sujets parfois brûlants déjà largement traités, relayés et par ailleurs diffusés afin de retrouver ses racines et son souhait premier : informer. On ne reprendra pas la maxime complètement surexploitée du Général L'Hotte mais l'idée, elle, est bien là.
Préparons désormais Fontainebleau.
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