Championnats d'Europe de Crozet : l'Allemagne en or - 10ème, la France s'arrête là
- Admin
- 28 août
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Dernière mise à jour : 29 août
Plus de 60 ans : 62 pour être exact : c'est le temps qu'il aura fallu pour qu'un organisateur tricolore relève, enfin, le défi de l'organisation des Championnats d'Europe de Dressage depuis leur première édition en 1963. C'est désormais chose faite grâce au courage et à l'investissement des écuries Jiva Hill à Crozet. Lancé mercredi matin, le Grand Prix, support de la compétition par équipe, voyait s'affronter ces deux derniers jours 62 couples dont 14 équipes. La France, amputée de son meilleur couple du moment, Corentin Pottier & Gotilas du Feuillard, affichait néanmoins l'ambition de terminait dans le Top 8 (voir ICI). Après une première journée en demi-teinte pour les Bleus et des contre-performances tant pour l'Allemagne que la Grande Bretagne (voir ICI), la compétition par équipe s'achevait cet après-midi avec certes l'enjeu majeur de se qualifier pour le Grand Prix Spécial de demain réservé aux 30 meilleurs.
Il était clair que l'or se jouerait aujourd'hui entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne, Championne d'Europe par équipe à Riesenbeck ; un affrontement qui s'annonçait serré puisque si Isabell Werth & Wendy de Fontaine n'avaient par exemple jamais atteint les 80% sur le Grand Prix, Charlotte Fry & Glamourdale ne pouvaient justifier de leur dernier qu'en juillet 2024 à Aix la Chapelle ... Depuis ils proposaient trois 75% bien insuffisants pour théoriquement inquiéter la fille de Sezuan. C'est bien l'absence de faute qui allait faire la différence et à ce petit jeu, il ne faut jamais sous estimer la Mannschaft ! Après les performances de Katharina Hemmer & Denoix PCH, l'Allemagne était logiquement parée d'or. Non fautives, Isabell Werth & Wendy Fontaine obtenaient un score de 79.224%, soit la seconde place, tandis que Frederic Wandres & Bluetooth Old un 74.721%.
Depuis les Jeux Olympiques de Paris, Carl Hester & Fame n'avaient pas quitté le Royaume-uni, survolant sans difficultés les CDI d'Addington, Wellington Heckfield, Hartpury, tous, très très britano-britanniques et sans aucune concurrence en mesure de leur faire de l'ombre, avec la régularité d'une montre suisse à 77%. Pour son retour en France, le fils de Bordeaux piloté d'une main de maître par son cavalier manquait un peu de rebond et d'incurvation dans son appuyer au trot à droite puis se fermait dans son reculer ; un défaut d'attitude régulièrement observable et qu'on ne peut délier de la morphologique relativement particulière du bai. Peu ample et inquiet au pas allongé, Fame perdait le passage avant sa transition au galop, allure dans laquelle il montrait deux excellentes pirouettes ; une prestation récompensée d'un 76.087%, soit la 5 ème place. Invaincus depuis Paris, Charlotte Fry & Glamourdale ont cependant depuis un an peiné à conserver leur niveau de performance sur le Grand Prix ; une évolution de leurs scores qu'on ne peut pas tout à fait décorréler de l'évolution des critères de jugement constatés depuis le printemps en particulier en matière de qualité du contact. Pas totalement dans les aides de sa cavalière, le puissant étalon des écruies van Olst affichait aujourd'hui les atouts qu'on lui connait, au galop en particulier malgré une première pirouette très perfectible mais aussi des piaffers peu actifs et difficiles à s'installer. Notés d'un 75.869%, ils étaient tout à l'heure "seulement" 6 èmes.
Bien que ni Danemark ni la Belgique ne pouvaient espérer s'emparer de l'or aujourd'hui, leurs meilleures cartouches étaient tout de même très attendues. Quasi absence de la scène internationale, Cathrine Dufour Laudrup & MSJ Freestyle avaient, sur le papier, tous les atouts pour débuter une possible razzia (voir ICI). La fille de Fidermark et la trentenaire donnaient le ton début de leur reprise, enchainant les mouvements sans accroc, le tout dans une qualité de contact bien meilleure qu'à Paris. Seules deux petites hésitations/pertes d'activités à l'entrée des piaffers venaient leur faire perdre quelques petits points. Elles quittaient la piste avec un 80.823% qui leur permettait non seulement de remporter le Grand Prix mais aussi d'offrir le bronze au Danemark.
S'il a un cavalier qui, en quelques mois, a su devenir le chouchou d'un public qui aimerait le voir médaillé ce week-end, c'est bien le sympathique mais un brin timide Justin Verboomen, pilote discret de son Zonik Plus. Le numéro 3 mondial et son étalon de 9 ans par Zonik commettaient quelques fautes aujourd'hui, pas de quoi inquiéter leurs rêves de médailles ! Présenté dans une qualité de contact exemplaire et une discrétion des aides absolue, le Oldenbourg s'inquiétait dans le reculer et fautait dans les temps. Auteur des meilleurs piaffers de la compétition et de pirouettes tout à fait serrées, Zonik Plus semble aussi avoir gagné en maturité, montrant notamment moins de tensions dans le travail au galop. Ils quittaient la piste à 79.084% soit la 3 ème place.
Pour les Bleus, cette seconde journée tournait à la douche froide. Pauline Basquin & Sertorius de Rima présentaient en effet aujourd'hui un Grand Prix très nettement en dessous de ceux auxquels ils étaient habitués, enchainant les fautes très, très couteuses. Le hongre de 15 ans affichait une certaine tendance à se remonter et à s'ouvrir sur son premier piaffer, peu actif ailleurs ; un exercice où il manquait globalement d'activité. Désuni dans un coin, fautif dans les temps, il présentait aussi deux très grandes pirouettes, pas franchement tournées autour des hanches ; une épreuve difficile pour eux, sanctionnée d'un petit 68.587%, soit la 35 ème place avec aussi bien 64.891% pour Peter Storr que 71.196% pour Katrina Wust.
Alexandre Ayache & Ruling Olivia sont eux 40 èmes. Pas toujours très stable dans l'attitude de ses allures diagonales, la Oldenbourg de 11 ans par Olivi manquait de hanches dans son second appuyer au trot et montrait un reculer résistant suivi d'un travail au pas à la qualité assez modeste. Malgré des changements de pied aux deux temps plus droits que par le passé, ils accrochaient manifestement un changement de pied isolé dans le zig zag puis fautaient au début de leur ligne au temps. Deux bonnes pirouettes au galop étaient aussi observées, évaluées de 8. Ils étaient donc évalués d'un 68.152% avec aussi bien un 65.435% pour l'anglais Peter Storr qu'un 70.543% pour l'allemande Katrina Wust.
Au terme de cette seconde journée, la France termine donc 10 ème de la compétition par équipe derrière les 3 nations précédemment citées, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède, le Portugal, la Pologne et l'Espagne avec, au cumul des 3 meilleures prestations, une moyenne de 68.048% ; un Championnat dont le résultat n'est pas qualificatif pour les prochains JO.
6 ème à Riesenbeck en 2023 avec, au cumul des 3 meilleures prestations, une moyenne d'équipe de 72.256% acquise grâce aux 72.997% de Morgan Barbançon & Habana Libre A, aux 72.189 % de Pauline Basquin & Sertorius de Rima et aux 71.584% d'Alexandre Ayache & Jolene,
9 ème à Hagen en 2021 avec, au cumul des 3 meilleures prestations, une moyenne d'équipe de 69.653% obtenue grâce aux 71.941% de Morgan Barbançon & Sir Donnerhall II, aux 68.665% de Marie Émilie Bretenoux & Quartz of Jazz et aux 68.354% d'Alexandre Ayache & Zo What,
10 ème à Rotterdam en 2019 avec, au cumul des 3 meilleures prestations, une moyenne d'équipe de 69.927% glanée grâce aux 71.599% de Morgan Barbançon & Sir Donnerhall II, aux 69.425% d'Arnaud Serre & Ultrablue de Massa et aux 68.758% de Stéphanie Brieussel & Amorak,
l'équipe de France n'a cette fois, malheureusement, pas pu maintenir la trajectoire ascendante de ses scores collectifs et/ou classements qui la caractérisait lors des 3 Championnats d'Europe des 6 dernières années ; un résultat quasi semblable d'ailleurs à celui enregistré à Göteborg en 2017 où la France terminait déjà 10 ème avec, au cumul des 3 meilleures prestations, une moyenne d'équipe de 68.042% acquise grâce aux 69.371% d'Arnaud Serre & Ultrablue de Massa, aux 68.371% de Pierre Volla & Badinda Altena et aux 66.386% de Ludovic Henry & After You. Un an après sa tout à fait satisfaisante 5 ème place à Paris (désormais confirmée - voir ICI), elle renoue en 2025 avec des chevaux encore jeunes à ce niveau avec ses classements d'autan. Si les modalités de qualification pour les Jeux Olympiques de Los Angeles ne sont pas encore finalisées, Ronan Murphy, le directeur du département dressage de la FEI annonçait au printemps que le processus resterait inchangé avec : 15 équipes de 3 cavaliers, dont les 6 premières des Championnats du Monde d'Aix la Chapelle et les 3 meilleures des Championnats d'Europe de Randbol des groupes A et B, nations qualifiées l'année prochaine exclues. Pour demeurer dans l'histoire olympique et revivre le formidable enthousiasme populaire connu en 2024, la régularité d'un autre couple à 71 ou 72%, qui aurait cette année permis d'atteindre la 8 ème place, sera manifestement nécessaire en 2026 et/ou 2027. Il faudra en somme rassembler pour y exister.
Résultats complets ICI
Résultats par équipe ICI
Réactions (source : FFE)
Jean Morel, sélectionneur national
"Même si nous n’étions pas venu là pour obtenir un gros score, nous n’étions pas là non plus pour être mauvais. Nous aurions pu faire beaucoup mieux que cette dixième place avec la qualité des cavaliers dont nous disposions. La seule chose qui m'agace, c'est que nous n’étions pas loin d'être cinq ou sixième si chacun avait obtenu ses notes habituelles. Je pense que nous les avons un peu trop lâchés cette année ; il y a des moyens pour les grands objectifs ce qui nous permet de les faire venir plus souvent en stage, de les suivre et ils en ont vraiment besoin. Il ne faut pas incriminer Pauline. Son cheval n'a pas beaucoup concouru, hors il en a besoin pour voir différents terrains et nous le savons. Il avait été préparé de cette façon pour les Jeux. Sertorius s’est tendu et manque de chance, ce terrain des championnats d’Europe est le plus regardant qu’on ait vu, il n'y a pas d'air autour. Après, c'est comme cela pour tout le monde et nous n’allons pas nous trouver d'excuses. Pour Alexandre, sa manière de monter a évolué et nous allons continuer à l’accompagner dans ce sens. Nous sommes dans une année de transition, nous allons nous retrousser les manches. Nous avons été cinquièmes, sixièmes, nous le serons à nouveau. Je ne suis pas mécontent car nous avons de bons cavaliers, des chevaux d'avenir qui arrivent. Nous aurions aimé continuer à surfer sur cette vague des deux dernières années. Il y a un petit tsunami, nous allons travailler et cela mettra peut-être un peu tout le monde sous pression, cependant c’est bénéfique parce que nous avons vite tendance à croire que nous sommes arrivés. La performance n'est pas la plus compliquée à accomplir, contrairement à sa répétition".
Alexandre Ayache
"Je suis content de ma jument, j’ai eu un bon sentiment. Je ne l'ai jamais eu aussi bien que pendant toute la préparation avant ces championnats. Là, on a commis deux fautes dans des mouvements avec un coefficient 2. Elle a aussi regardé le kiss and cry au bout de la diagonale au pas allongé, au moment où je reprends mes rênes et a fait un demi-arrêt. Je monte pour l’équipe et malheureusement cela nous coûte cher. La piste est serrée, même certains chevaux avec de l’expérience sont regardants, mais ce n’est pas une excuse car elle est la même pour tout le monde. J’avais vraiment à cœur de réaliser une reprise sans faute. Après, le contact était bon, j’ai essayé d’appliquer les consignes du staff. J’ai pris des risques dans le dernier piaffer. C’est le sport, mais il n'y a que dans un championnat que l’on peut former un cheval pour un championnat. Cette expérience est très positive pour la suite. Cela fait une semaine que nous sommes partis de la maison, cela me permet de savoir comment je dois gérer ma jument. L’objectif en venant ici était vraiment de former Olivia en vue des Mondiaux l’année prochaine. C’est un jeune cheval et son premier championnat. Je suis satisfait de voir des juges réputés mettre des points, même lors d’une reprise avec des fautes. L'idée, c'est d'amener Olivia au mieux pour le prochain championnat et qu’elle soit performante. Elle dispose de nombreuses qualités, il faut rester calme et continuer à travailler. C'est ce que nous allons faire."
Pauline Basquin
"C'est une bonne déception, parce qu’après des bas au printemps, je pensais avoir retrouvé mon cheval. Là, il n’était pas du tout en équilibre et je n’ai pas réussi à résoudre ce problème. Je pense qu'il s'est un peu tendu en entrant en piste parce que le manège et la carrière des 10 minutes pour s’échauffer sont calmes. En arrivant sur la carrière de compétition, l’ambiance ressemble à ce que l’on peut rencontrer en indoor, mais sans le toit. Quand il est tendu, il ne se porte pas beaucoup, ce qui s'est vu dès le début du travail au galop, et cela engendre des difficultés dans le contact. L'objectif était d'atteindre la Libre, mais c’est le concours, avec ses hauts et ses bas. Nous allons nous remettre en question, continuer de travailler et avancer".
crédit photo : FEI/Leanjo de Koster

























