[ÉDITO] Dressprod n'ira donc PAS aux Jeux Olympiques de Paris

Dressprod n'ira donc pas aux Jeux Olympiques de Paris : le couperet tombait, sèchement, par un mail envoyé hier à tous les recalés : demande d'accréditation refusée. Passée la surprise, l'incompréhension et j'avoue la colère, c'est la déception qui prime ce matin (oui, car il est 3h ^^).

Né en août 2016, pendant les Jeux Olympiques de Rio, Dressprod voyait pourtant le jour avec un objectif : faire partie de ceux qui feraient vivre le dressage 8 ans plus tard. Si l'annonce de l'attribution des Jeux de 2024 à Paris n'est alors officialisée qu'en septembre 2017, la tendance était pourtant déjà à l'optimisme. Quelques milliers d'articles ( + de 5000 !), posts et stories plus tard, ce ne sera finalement pas le cas en raison de critères peu explicites. Avouons que, factuellement, le verdict s'avère cocasse : malgré plus de 400.000 visites par an, soit davantage que bien des médias équestres, une croissance de plus de 35 % en 2022… le seul site français traitant exclusivement de la discipline ne sera pas présent pour un événement organisé sur son territoire. Le choix semble s’être tourné pour cet évènement vers une presse plus généraliste. Soit. J’avoue être curieux de découvrir la place qui sera en revanche accordée aux influenceurs, parfois producteurs … de vide.

La volonté d'être présent à Versailles l'été prochain n'avait rien à voir avec une capacité facilitée à traiter la compétition : le confort d'un bureau, sa machine à café, sa connexion Wifi, le numéro de téléphone des intéressés et la multiplicité de ses écrans permettent en effet une réactivité et une précision que la vision éloignée et approximative d'une tribune ne permettra jamais, surtout dans les délais de publication extrêmement resserrés qui Dressprod s'imposent depuis ses débuts. Il y avait, par contre, l'envie, assumée, d'avoir peut-être une place au cœur de l'événement, autrement que derrière des écrans, pour suivre et faire vivre ce rendez-vous. En somme, d'y participer et de le faire partager à un lectorat qui, au delà de sa fidélité, ne cesse de se développer, et qui je crois, doit avoir droit une information spécialisée, régulière, en français, sur une discipline par ailleurs modestement traitée. Il s'agissait là, de « mon » rêve olympique : à défaut d'avoir les capacités/qualités pour l'ambitionner comme cavalier, voilà un projet dans lequel je me suis engagé, depuis plus d'une quinzaine d'années. Après Paris, il y aura Los Angeles en 2028, puis Brisbane en 2032, la Turquie, l'Allemagne, le Mexique, la Corée du Sud seraient candidates pour 2036 … Au delà de ma fraîcheur un peu entamée, voilà donc 3 olympiades auxquelles Dressprod ne participera évidemment pas, si tant est que l'équitation soit toujours un sport olympiques d'ici là.

A défaut accréditation, reste certes la possibilité d'acheter ses petites places me direz-vous. Passons le débat sur le fantasque système de tirages au sort, l'étude de cette option semble révéler que seules les places en catégories A et B restent disponibles à l'unité, soit de 100 à 330€. Je vous laisse faire le calcul, hors frais de déplacements/hébergement, pour 4 jours de compétition. Grande fête populaire ... ? Soyons juste sérieux : impossible également de s'imaginer travailler sur place avec un ordinateur sur les genoux. Outre le manque de place, la pluie, le soleil et que sais-je, encore faudrait-il qu'il passe le contrôle de sécurité.

Quelques sympathies, que je remercie évidemment, ce sont exprimées depuis hier. « Que peut-on faire pour vous aider ». Franchement ? Rien. Non seulement car il n'y a rien à faire (pitié, surtout pas de pétition …), mais aussi car je ne souhaite ni demande aucune aide. Une participation, même en tant qu'acteur parallèle ne doit être issue de la moindre aumône ou charité : elle doit être acquise dans les règles et, à mon sens, certainement pas grâce à la savante gestion de l'entre-soi. De la fierté mal placée ? Peut-être. Sûrement même. J'ai dû avoir la candeur, manifestement à tord, de croire que Dressprod méritait, au regard du travail engagé, une accréditation, qu'elle reviendrait à l'obtention d'une forme de légitimé après laquelle je devrais probablement arrêter de galoper inlassablement au risque d'en oublier parfois ce qui est vraiment important. Cette légitimité vient en réalité certainement bien davantage de votre fidélité, de la croissance du nombre d’entre vous qui viennent chaque jour suivre ces actualités et du soutien que j’ai pu constater hier. J'imagine aisément que l'expression de cette déception porte aussi quelques uns à sourire, arguant qu'au fond « il n'est pas journaliste, ça le remet à sa place ». De fait ! Encore faudrait-il avoir la certitude que le traitement, aussi quantitatif que qualitatif, soit assuré et chasse gardée.

Dressprod n'ira donc pas aux Jeux Olympiques de Paris et ce n'est, dans le fond, pas très grave . Ce refus n'altère en rien sa vocation initiale : participer, à son niveau, à la promotion de la discipline en France ; un objectif qui survivra, peut-être, à un destin olympique des sports équestres de plus en plus incertain.

crédit photo : Paris 2024