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Pauline Guillem, en route pour son premier Championnat du Monde Jeunes Chevaux ?


Vice-championne de France des 4 ans l'année dernière avec Magic Moment HRH, Pauline Guillem fait partie des quelques cavaliers tricolores qui semblent pouvoir prétendre à une sélection pour les Championnats du Monde Jeunes Chevaux organisés cette année à Verden. C'était sans compter sur la pandémie de Covid 19 qui rabat les cartes et laisse planer le doute sur le maintien ou l'annulation de l'échéance. Confinée en Normandie, pour Dressprod, Pauline Guillem s'est prêtée au jeu des questions/réponses. Son travail hivernal avec Magic Moment HRH, sa préparation sportive, ses autres chevaux, c'est par ici :




Comment Magic Moment HRH a-t-il évolué ces derniers mois ? A quoi avez vous consacré le travail d'hiver ?


Magic a eu droit bien évidement à une petite pause après ses bons résultats sur la saison des 4 ans, il a profité des pâtures normandes, tranquillement à la maison. Guillaume Trubuil, ami et propriétaire du cheval (Crescend’horse) a décidé de profiter de la pause hivernale, pour le castrer. Le but étant, pour ce cheval, d’en faire un cheval de sport et non un reproducteur. Il a très vite appris le travail des cycles classiques 5 ans, et continue son évolution avec facilité. J’ai pris le temps cet hiver de consolider notre relation en alternant le travail : du stretching, des cavalettis (sous l’œil avisé de mon coéquipier d’écurie Timothee Anciaume), mais aussi de l' extérieur et des séances plus prononcées vers le futur. Magic est un seigneur, il comprend vite et tout est naturel. Je suis juste là pour lui donner l’envie de se révéler. Nous aurions dû reprendre la compétition sur le Grand National de Jardy. Malheureusement la crise sanitaire en a décidé autrement.

Comment continuez vous de vous préparer pour les Championnats du Monde Jeunes Chevaux de Verden ?


Hors contexte actuel bien évidement qui est désolant, je prends un certain plaisir, à construire mes chevaux en les écoutant, sans pression de temps, de compétitions, d’objectifs. Je continue à varier le travail en me forçant à les filmer très régulièrement pour continuer à rester objective et ne pas me fier à mon ressenti. Je déroule des parties de reprises. Ma groom, Lucile Dieutre, vous dirait qu'elle a son téléphone rempli de vidéos:) J’envoie tout ensuite à Annick Dauban, juge 4*, qui me suit maintenant depuis presque un an, et à leurs propriétaires pour avoir leurs avis sur leurs évolutions. Je regarde les vidéos des meilleurs couples pour essayer de garder cet objectif en tête, et rester au plus prêt d’eux. Pour être très honnête, je pense un peu moins compétions et Championnat du Monde, mais plus à la suite, en continuant à former mes chevaux : par exemple, mes 5 ans ne se sont pas arrêtés au galop à faux demandé dans la reprise, mais commencent doucement à aller vers les changements de pied en l’air. Ils avaient bien acquis chacun les mouvements de leur niveau d’épreuves, et ça sera toujours pris pour l’avenir. Quelles sont selon vous les dispositifs qui peuvent être mis en place pour débuter la pré-sélection des couples pour les Championnats du Monde Jeunes Chevaux ? Le principe de vidéos utilisées par les Pays-Bas et la Suède vous semble-t-il pertinent et transposable en France ?

Ce qui est difficile, c est que nous ne savons pas si l’échéance sera annulée ou non. Le doute reste présent. La sélection telle qu'elle était prévue en France, ne pourra clairement pas être réalisée. Le CIR de Vierzon, étape obligatoire où devait avoir lieu la sélection définitive étant annulé, il faut donc obligatoirement trouver une autre solution, ou se résoudre à ne pas envoyer de chevaux cette année. La vidéo peut être un bon système et à la fois j’ai des doutes sur son objectivité. En effet, on sait très bien que les chevaux, particulièrement les jeunes chevaux ne sont jamais pareils à la maison qu’en compétition. Comment donc être le plus proche de ce qui se déroulera à Verden ? Si les rassemblements sont possibles en juillet, peut être organiser deux week-ends de sélection avec des juges internationaux et les sélectionneurs serait une idée. Un premier temps où tous les couples qui souhaitent y aller se présentent, avec le premier jour une évaluation générale des chevaux sans reprise et le second jour où chacun déroule la reprise préliminaire, garder les meilleurs, et les faire revenir un second moment sur 3 jours, avec cette même idée d’une analyse générale du couple le premier jour et deux jours de compétions ensuite. Que ce soit pour vos jeunes ou vos chevaux plus âgés, réussissez-vous toujours à bénéficier d'un entraînement ?


Annick ne peut plus malheureusement venir comme elle le faisait tous les mois. Marietta Almasy, qui organise chaque mois dans l’écurie de Frederic Ducay «Quixote France » un stage avec Hartwig Burfeind, entraîneur et cavalier allemand, auquel je me rends normalement avec plusieurs chevaux pour bénéficier de son entraînement, n’est évidement plus possible. Donc l’entraînement est très réduit mais on est inventif ! Merci la nouvelle technologie ! Par vidéos en direct, on a réussi à travailler quelques chevaux ensemble avec Annick et quel bonheur d’entendre ses indications, ça rebooste. Après, j’ai la chance de ne pas être isolée. On garde une bonne dynamique de travail à l’écurie. Timothee Anciaume n'est certes pas de la même discipline, mais avec une équitation légère que j’aime beaucoup. Il garde toujours un œil bienveillant sur mes séances et sur le fonctionnement de mes chevaux. L’échange cavalier d’obstacle - cavalier de dressage peut marcher et c’est super !

Quels sont les autres chevaux avec lesquels vous envisag(i)ez la compétition cette année ?


Mes deux chevaux personnels : Lucky Gold sur le circuit des 7 ans et mon cheval de cœur W. Whisper Gold, du haut de ses 16 ans qui devait encore un m’apprendre un peu mon métier sur le Grand Prix Pro Elite, en courant le circuit du Grand National, en équipe avec Guillaume aux couleurs Antares / Alliance Equine.J’ai la chance d’avoir d’incroyables chevaux et d’incroyables propriétaires : bien évidement Magic mais aussi un 4 ans de Crescend’horse, Fitzt, le Haras de Malleret de Mr Martinez, élevage que j’affectionne beaucoup pour sa philosophie mais aussi pour les croisements réalisés, m’a confié deux jeunes chevaux incroyables : Barcelona de Malleret, et Floyd Pepper de Malleret, Claire Matthieu Compétition (proprietaire de Blackstage) avec qui je travaille depuis mon installation m’a mis au travail Don Easy un 8 ans tardif mais qui montre toutes qualités pour le Grand Prix, l’écurie Graplin de Laure Bricou m’a fait confiance pour son étalon de 6 ans que je devais lui aussi emmener cette année en compétitions. Enfin, et ça me tenait particulièrement à cœur, la première jument que j’ai achetée à 3 mois foal : Loudzi Gold, (propre sœur de La vie étalon primé d’État) sous les conseils d’Ariane Pourtavaf, quand je vivais en Allemagne : tout un symbole.


Quels sont selon vous les impacts du Coronavirus à craindre sur la discipline ?


En effet, selon moi, la crise exceptionnelle que nous traversons va avoir des impacts à différents niveaux sur la filière Cheval. Tout d’abord je pense, et j’espère, que cette situation inédite va éveiller les consciences sur l’impérieuse nécessité de répondre aux besoins physiologiques du cheval. Je m’explique : depuis le début du confinement qui empêche les propriétaires de venir monter leurs chevaux et qui, bien souvent, a fait réduire l’effectif de salariés dans les écuries, certaines structures se retrouvent dans l’impossibilité de sortir tous les chevaux qu’elles accueillent malgré des heures de travail, et toute la bienveillance possible car elles ne bénéficient pas de paddocks ou de prairies pouvant permettre aux chevaux de vivre un peu dehors. Je pense donc que, face à de telles situations, le mode de fonctionnement de certaines structures où les chevaux ne font que du boxe va être peut être revu pour un meilleur équilibre, ce qui serait une bonne chose pour la filière toute entière. Du point de vue de la compétition je crois que cette saison inédite aura un impact sur les jeunes chevaux principalement. En effet les débuts de saison sont très importants pour les jeunes qui prennent du métier sur les carrés de dressage, ils apprennent de leurs erreurs, se décontractent au fur et à mesure et le couple se forme à mesure que la saison avance. C’est très difficile également de passer d’une demie année de 6 ans à une année de 7 ans par exemple...En 2021, la saison risque d’être difficile pour les jeunes qui n’auront pu pleinement profiter de la saison 2020.


Économiquement parlant que la crise du Coronavirus va ralentir le commerce de chevaux de sport ce qui est déplorable pour tout le monde, éleveurs, propriétaires, cavaliers...Les investisseurs vont être plus frileux aussi. Ce sera une catastrophe pour certaines structures équestres. J’espère que des aides seront trouvées.

Pour ma part, le bien être de mes chevaux reste une priorité donc peut importe quand et comment la saison reprendra, j’aurais à cœur de préserver le physique et le mental en m’assurant que l’effort à fournir soit toujours adapté à leur physique. Je n’irais pas tous les week-ends en compétition pour « rattraper » le retard ou pour une sélection par exemple. Ce dont je suis certaine c’est que nous avons tous hâte de sortir de cette parenthèse désolante pour reprendre la route des terrains de concours et faire briller notre sport.


crédit photo : les Garennes




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