Le chapeau, petite bombe du dressage
Bien vite enterré lors de l'assemblée générale de la Fédération Équestre Internationale en novembre 2019, l'avenir du chapeau en compétition semblait définitivement scellé. Pourtant, silencieusement, deux mois avant sa remise au placard, 150 cavaliers dont 75 issus des 100 meilleurs mondiaux qu'on ne peut pas franchement qualifier des perdreaux de l'année, sollicitent aujourd'hui le droit, pour les cavaliers seniors, de choisir entre chapeau et bombe en CDI 4*/5* et en Championnats : Carl Hester, Isabell Werth, Patrik Kittel, Hans Peter Minderhoud, Victoria Max Theurer, Daniel Bachmann Andersen, Hubertus Schmidt, Monica Theodorescou, Michael Klimke, Dorothee Schneider, Helen Langehanenberg, Edward Gal, Cathrine Dufour, Juan Matute Guimon pour n'en citer que quelques uns... Bref, les plus expérimentés cavaliers de la planète ; une pétition portée par l'International Dressage Riders Club.
Montrer l'exemple, voilà manifestement l'objectif de cette décision certes louable mais semble-t-il prise sans concertation ; une résolution qui interroge sur le rôle de l'exemple comme sur la capacité de chacun à (s')éduquer, comprendre, prendre des décisions et assumer en conscience leurs conséquences. Les cavaliers de haut niveau ont-ils une responsabilité dans l'image et les valeurs qu'ils véhiculent ? Au regard de leur visibilité, de la notoriété qu'ils en retirent et qui, directement ou indirectement favorisent leur existence,assurément oui. L'ont-ils demandée ? Tout dépend de leur engagement dans leur propre communication me direz-vous. Qu'est-ce qu'un modèle ? Qu'est-ce que montrer l'exemple ? A l'heure de la normalisation et de la starification des bimbos et des biscotos au QI proche de zéro, à l'heure de la banalisation voire de la revendication d'une certaine culture du vide, avouons qu'on peut se poser quelques petites questions...
Bombe ou chapeau, le sujet est donc le reflet de notre société tiraillée, écartelée, par ses contradictions. Une fois la réponse apportée, d'autres interrogations suivront : quid du dressage "hors" compétition/non "sportif", lui non plus pas franchement exemplaire en la matière ? Quid des disciplines de spectacles, pas moins risquées que le dressage des carrés ? Quid des équitations militaires et western et leurs couvre chefs ? Quid de la voltige ? Quid, quid, quid ... Si la bombe et le chapeau animent "pertinemment" discussions et réseaux sociaux (sic !), ce sont des questions bien plus vastes qui sous-tendent ce débat : sécurité et liberté peuvent-elles cohabiter ? Quel équilibre entre responsabilité de " l'influenceur " et capacité du "follower" à comprendre si ses décisions résultent de choix réfléchis ou d'influences ? "L'influenceur" annihile-t-il le libre arbitre du "follower" ? Bref, vous avez 4h.