Jessica Michel Botton : la Grande Semaine est l'objectif de l'année
A peine rentrée des Championnats du Monde où elle classait les deux chevaux qu'elle présentait, Jessica Michel Botton poursuit sa saison avec la Grande Semaine de Fontainebleau ; un rendez-vous incontournable pour la spécialiste française du circuit. Son bilan de Verden, la commercialisation ou non de Djembe de Hus Old, sa préparation de la Finale nationale : à 48h du début de la compétition Dressprod fait le point avec Jessica Michel Botton.
Pour présentiez à Verden dans les 5 ans Viva la Caza. Quels étaient vos objectifs avec cette fille de Vitalis ?
Aux Championnats du Monde Jeunes Chevaux, le niveau est évidemment toujours très relevé. Avec Viva la Caza, mon objectif était de me classer dans la petite Finale, ce que j'ai finalement réussi à faire car nous sommes 11 èmes. Nous avons malgré tout un peu manqué de chance car le premier jour, elle a pris peur dans le contre-galop : il semble qu'une feuille volait dans les parages lorsque nous nous sommes approchées de la lettre. Avec les propriétaires nous étions cependant parfaitement conscients qu'il serait impossible d'atteindre la Grande Finale tant la concurrence était importante.
Considérez-vous le contrat rempli avec Djembe de Hus Old ?
Avec Djembe de Hus Old, je ne suis pas dans les objectifs que je m'étais fixés : j'espérais être dans les 8, voir dans les 5 meilleurs. Djembe n'était pas du tout en confiance sur la piste : c'est un cheval extrêmement sensible, très chaud, qui a besoin de s'adapter et qui peut vite monter en pression. Il y avait du vent et un temps orageux à Verden ; des conditions climatiques avec lesquelles il a beaucoup de mal. La piste était par ailleurs agrémentée de panneaux publicitaires qui claquaient et se soulevaient avec le vent, sans même parler d'une haie qui ne permettait pas aux chevaux de voir ce qu'il se passait derrière ; autant de raisons pour lesquelles j'ai préféré le monter de manière prudente. Djembe a besoin d'une grande complicité avec son cavalier, il a beaucoup de sensibilité. Les étalons sont souvent plus aptes à gérer ce genre de contexte car ils participent aux shows d'étalons et les hormones leur donnent envie de se montrer davantage. Pour la Finale, Monsieur Marie a préféré que je prenne davantage de risques pour ne pas voir le regret de ne pas avoir tenté quelque chose. J'ai parfaitement respecté les consignes données par Hans Heinrich Meyer zu Strohen, je n'ai donc pas de regrets d'autant que nous avons reçu beaucoup de félicitations de cavaliers du circuit. J'ai tout de même eux besoin de prendre quelques jours de recul pour réaliser qu'il s'agissait de ma meilleure performance en 6 ans et manifestement du meilleur résultat jamais enregistré dans cette catégorie pour la France. Même si les objectifs ne sont pas atteints, je reste positive pour pouvoir continuer à avancer. Je suis très, très contente de lui : c'est un cheval né au Haras de Hus, que nous avons débourré puis formé. Je crois que nous pouvons donc être fiers d'autant qu'il s'agit d'un jeune cheval : nous avons montré de jolies choses. Même s'il ne faut pas se chercher d'excuses, il apprend aussi son métier. Il a en tous cas su se faire remarquer puisqu'on m'a demandé s'il était à vendre, ce qui prouve bien que sa qualité pour le Grand Prix intéresse ; un talent que les juges français ont détecté depuis qu'il a 3 ans et son premier titre de Champion de France.
Justement, qu'en est-il de sa commercialisation ? Pouvez-vous espérer le conserver un peu plus longtemps, comme Dorian Grey de Hus ?
A ce jour, il n'est pas à vendre. Comme je le disais tout à l'heure, à Verden, la question a été posée et M.Marie l'a confirmé. Pour moi c'est une chance de monter un tel 6 ans car habituellement mes chevaux sont vendus avant. Je crois beaucoup en lui. Je pense que pour M.Marie c'est un cheval important, comme Dorian d'ailleurs, car ce sont des croisements qu'il a pensé, des chevaux que nous avons construit de bout en bout. Sa commercialisation n'est donc pas à l'ordre du jour, ce qui me permet de le monter plus sereinement.
Avez combien de chevaux serait vous présente à la Grande Semaine ?
Nous engageons quatre 4 ans : My Toto VDT, Don Amour Waverley, Vicomte de Hus et Gold Star BD qui sera monté par Gonzalo Rodriguez Diaz, en 5 ans Maximus HP du Winckel Old (photo) et Djembe de Hus Old dans les 6 ans.
Quelle place occupe la Grande Semaine dans votre planning annuel ?
Elle occupe une très grande place : seuls les chevaux qui sont prêts y participent. C'est l'objectif de l'année car nous sommes avant tout une écurie de Jeunes Chevaux. Mon objectif de « cœur » si je peux dire, reste les Championnats du Monde que je trouve toujours très ouverts, la concurrence est très dure, bien plus qu'il y a 15 ans quand j'ai commencé mais il est davantage possible de s'y classer que dans un Championnat d'Europe ou des JEM par exemple où il faut davantage avoir une place dans la hiérarchie mondiale : il n'y a pas trop de surprises comme on peut en avoir en CSO par exemple. La Grande Semaine est évidemment inscrite dès le début de l'année dans mon planning car, en général, la moitié des chevaux que j'ai au travail en début de saison y participent même si certains sont vendus, pas tout à fait prêts ou que les objectifs des propriétaires sont différents. C'est donc un objectif à part entière dans l'année, si c'est le bon moment pour le cheval et que c'est pour lui une expérience formatrice.
Le changement de Saumur à Fontainebleau a-t-il fait évoluer votre préparation ?
Ce qui a changé pour moi c'est surtout la distance qui est plus importante : les chevaux sont donc soumis à un effort plus intense avant le début de la compétition. Je pense qu'on sous-estime l'impact d'un transport sur l'état de forme d'un cheval, d'autant que ce sont des jeunes qui n'ont pas l'habitude des longs transports. Il faut donc l'avoir en tête dans la préparation, la gestion du travail préalable.
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