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Jean Philippe Siat : Lovesong a vraiment repris le travail depuis Noël

Doha, Hagen, Le Mans ou encore Geesteren : après un début de saison 2022 marqué par la participation à de gros concours 4 et 5 étoiles, Jean-Philippe Siat et Lovesong se tiennent pourtant loin des carrés depuis l'été dernier. Entre problèmes de santé de l'alezane et prise de recul, le jeune quadra revient pour Dressprod sur les derniers mois qui se sont écoulés ; quelques confidences où il lève un peu le voile sur son piquet de chevaux, son entraînement, mais aussi sa volonté de protéger et privilégier désormais aussi sa vie personnelle.

Lovesong n'est plus apparue en concours depuis cet été. Comment va-t-elle et que devient-elle ?

Nous ne sommes effectivement pas sortis en compétition depuis le Master Pro de Vierzon dont nous terminions 5 èmes. J'avais ensuite projeté que Lovesong ait deux ou trois mois sans concours pour reprendre en octobre, sur le CDI de Madrid où j'étais invité car nous y avions gagné le Grand prix en 2021. Je sentais qu'elle en avait besoin car elle n'avait finalement jamais eu de vraie pause depuis qu'elle est au Grand Prix. Je crois que ces quelques mois nous ont fait du bien à tous les deux. Malheureusement, début septembre, elle a déclenché une kératite éosinophilique (ndlr : maladie dysimmunitaire de l’œil) dont le traitement avec de très forts anti-inflammatoires a d'abord ralenti son travail, puis nécessité qu'elle aille en clinique pendant un mois et demi pour subir une kératectomie (ndlr : ablation partielle de la cornée). Elle est donc rentrée mi-novembre, après voir eu besoin des soins quotidiens très lourds, et même toutes les heures pendant une certaine période, mais elle a conservé l'intégralité de sa vision. Elle a donc vraiment repris le travail depuis Noël.


Comment envisagez-vous désormais 2023 ?

Sur le plan locomoteur, la jument va très bien mais elle a évidemment perdu en cardio, ce que nous nous attelons à retrouver. Elle a maintenant 16 ans, elle est donc réglée et va moins tourner en concours qu'auparavant car ce n'est plus aussi nécessaire pour qu'elle acquière de l'expérience. L'idée est donc de l'avoir prête pour participer à de beaux concours y compris si le staff fédéral nous sollicite. Nous avons été invités pour participer au CDI de Tolbert aux Pays-Bas en avril, nous verrons si c'est judicieux selon son état de forme. Nous n'avons pas encore de plan de saison défini, c'est elle qui nous le dira mais j'aimerai la présenter en concours toutes les six à huit semaines.

Outre Lovesong, on connaît peu votre piquet de chevaux destinés au sport de haut niveau.

J'ai depuis longtemps fait le choix de ne plus avoir de chevaux personnels. J'ai cependant 3 chevaux, un 12 ans qui sera au Grand Prix cette année, un 9 ans qui a beaucoup de qualité mais qui nécessite encore une année de travail je pense et une jument de 11 ans qui avance très bien dans cette direction. Je suis très content des chevaux que j'ai aujourd'hui, ce qui devrait me permettre d'en présenter plusieurs sur le Grand Prix dans les années qui viennent.

Vous travaillez depuis longtemps avec Jan Bemelmans. Est-ce toujours le cas aujourd'hui malgré la volonté fédérale de ne plus faire appel à ses services pour l'équipe de France ?

Jan et moi ne nous sommes pas vus depuis quelques mois car, au delà des soucis de santé de Lovesong, j'ai eu beaucoup de travail après avoir déménagé mes chevaux aux Écuries d’Orceval à Limours (91). J’avais prévu de me rendre chez lui pendant l’hiver mais les plans ont évidemment dû changer. Qu'il soit ou non à la tête de l'équipe de France ne change rien, j'ai toujours continué à travailler avec lui et il a toujours la volonté de m’entraîner. Nous avons confiance l'un en l'autre, nous nous connaissons bien et depuis longtemps et c'est ça qui compte.

Ces derniers mois vous ont-ils fait prendre du recul sur votre carrière sportive ?

Oui, aussi parce que j'ai eu 40 ans l'année dernière et que j'ai dédié les 20 dernières années à la compétition. J'ai donc aussi pris un peu de temps avec ma femme, mes proches : c'est quelque chose dont j'avais également besoin car j'ai perdu trop de gens qui comptaient ces dernières années sans avoir passé avec eux le temps que j'aurais peut-être dû. Les chevaux et le dressage me passionnent mais il ne faut pas non plus négliger les humains que nous avons autour. Je cherche donc aujourd'hui à davantage tout concilier.

Vous êtes aujourd'hui relativement discret, pour ne pas dire quasi absent des réseaux sociaux. Pourquoi ?

Au début, ça m'amusait et puis, très vite, plus du tout car je n'aime pas trop cette forme d'auto-congratulation, cette course aux likes et aux commentaires. Il faudrait peut-être effectivement que je sois plus présent, j'en tirerais probablement un bénéfice même si je ne vois pas trop lequel ; c'est certainement mon talon d’Achille. J'aime ce que je fais, j'aime moins en parler, je trouve aussi que ce n'est peut-être pas assez bien pour le montrer. Quoi qu'il en soit, même si j'étais davantage présent, ce ne serait que pour du professionnel et certainement pas du personnel qui n’appartient qu'à moi et à mes proches.


Bien avant Lovesong, il y a eu Tarski et évidemment Greystoke. Comment vont-ils aujourd'hui ?

Tarski va très bien, il a 27 ans cette année. Il est beau comme tout et n'a pas changé si ce n'est la quantité de poils ! Il est à la retraite depuis 8 ans maintenant du côté de Rambouillet et ça lui va très bien. Greystoke est mort à l'été 2020 : je n'ai effectivement pas communiqué sur le sujet à l'époque car c'est un moment triste qui m'appartenait : j'ai vécu assez de deuils pour savoir que parfois on a juste envie d'être seul sans partager quoi que ce soit. C'était évidemment un moment triste pour moi car c'était mon premier cheval de Grand Prix avec tous les souvenirs qui vont avec.


crédit photo : Les Garennes

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