Jean Morel : je ne serai évidemment pas l'entraineur des cavaliers de Grand Prix
Nouveau sélectionneur et chef d'équipe du dressage tricolore, Jean Morel n'est pas franchement un nouveau venu dans le paysage fédéral : ancien cavalier international de dressage, ex-entraineur de l'équipe de France Poneys, directeur du Grand National et entrepreneur à succès, l'homme est une figure bien identifiée des sports équestres français. A la soixante passée, c'est pourtant une nouvelle casquette qu'il s'apprête à porter. Quelques jours après sa nomination, Jean Morel s'est prêté, sans langue de bois, aux questions de Dressprod.
Comment avez-vous accueilli la proposition qui vous a été faite par la FFE de nomination au poste de sélectionneur de l'équipe de France de dressage ?
Je suis quelqu'un d'engagé dans le sport depuis très longtemps. J'ai été, entre autres, organisateur de concours hippiques et directeur du Grand National, circuit dont j'ai participé au lancement. Cependant mon premier amour est bien le dressage car j'ai passé 20 ans en équipe de France (ndlr : pré-sélectionné pour les JO de Los Angeles en 1984 avec Hopal Fleury, il participait notamment aux Championnats d'Europe de Donaueschingen en 1991 avec Oscar d'Ruyer et terminait 6 ème par équipe aux côtés de Margit Otto Crépin et Corlandus, Dominique d'Esmé et Thor et Marina Caplain Saint André et Maritim).
Quand Serge Lecomte m'a appelé pour me demander si j'étais intéressé par le poste, j'étais effectivement ravi : j'ai accepté, avec l'objectif de remplir le mieux possible la mission qui est désormais la mienne, mais aussi avec la satisfaction de revenir davantage à ma discipline de prédilection, celle par laquelle j'ai été amené au parcours qui est le mien. Le sport est, de toutes manières, dans mon ADN.
Au début des années 2000, vous avez passé 3 ans à la tête de l'équipe de France Poneys comme entraineur. Bien qu'il s'agisse d'un rôle tout à fait différent, quel souvenir gardez-vous de cette période ?
J'ai adoré ! Quand je suis arrivé, l'équipe de France Poneys pointait à la 14 ème place des Championnats d'Europe. Grâce au travail mené et à l'engagement de tous, nous avons réussi à remonter à la 4 ème place et avons même failli avoir un couple dans la Finale Individuelle. Les échanges avec les entraineurs, avec les enfants m'ont beaucoup plu : c'est aussi cet aspect qui m'a donné l'envie d'accepter cette mission de sélectionneur et chef d'équipe. Cette fois, mon rôle sera donc différent car je ne serai évidemment pas l'entraineur des cavaliers de Grand Prix.
Comment envisagez-vous justement votre rôle ? Quelle sera votre marque de fabrique ?
Déjà, nous avons mis en place avec Emmanuelle Schramm Rossi un nouveau programme sportif pour que tout le monde puisse trouver sa place.
Ensuite, nous allons essayer de faire sortir davantage les cavaliers en internationaux à l'étranger, ils ont besoin de se confronter avec les autres pays. Ce sera progressif car il y a une hiérarchie des concours internationaux dont il faut avoir conscience. Nous allons donc, petit à petit, tendre vers des concours de plus en plus côtés. Nous allons aussi aider les cavaliers car ils ont quasi tous des entraineurs privés. Dès lors qu'un vrai projet sportif est construit et que les résultats sont au rendez-vous, nous leur apporterons notre soutien avec un panel d'aides financières sur : les transports, les déplacements, les entraineurs. Nous allons donc nous donner quelques mois pour observer et échanger. Enfin, si les cavaliers sollicitent un intervenant spécifique pour un stage, nous tenterons alors d'y répondre.
J'ai longtemps été cavalier de haut niveau, je serai donc aussi en mesure de leur donner mon impression, mon sentiment sur leur reprise ou leur façon de monter.
Quel état des lieux faites-vous du dressage français ?
Si j'ai accepté cette mission, c'est que clairement, tout n'est pas mauvais. Depuis des années, un travail important a été fait. Il y a de bons cavaliers, nous manquons peut-être encore de chevaux, surtout quand on regarde les piquets des meilleurs qui ont plusieurs chevaux pour les Championnats et le circuit Coupe du Monde. Le nombre de partants en épreuves a aussi augmenté ce qui est un indicateur de l'état de santé de la discipline. Il nous manque cependant ces 0.2 ou 0.3 % de moyenne d'équipe pour être dans les 6 ou 7 meilleures nations sur les grands Championnats. Nous ferons un véritable état des lieux, ce week-end, au Mans.
Vous êtes un homme très occupé, aux multiples casquettes avec notamment la société PSV et Cheval TV. Comment envisagez-vous votre travail ? Allez-vous vous mettre en retrait de certaines de vos activités ?
Depuis le début de la pandémie de Covid 19, j'ai amorcé une transmission de la gestion de mes sociétés : d'autres personnes sont donc à la tête de chacune d'elles, je ne les gère plus. J'ai 62 ans, et si je veux profiter de la vie, il faut accepter qu'il y a un temps pour tout. Je me suis donc dégagé du temps, depuis un moment déjà, j'ai réorganisé. Je ne vais pas dire que je ne jette pas un coup d’œil de temps en temps, mais j'ai des gens compétents qui font ça très bien à ma place.
Paris 2024, c'est demain. Comment vous projetez-vous vers ce grand rendez-vous ?
Déjà, je voudrais identifier les cavaliers qui ont la fibre olympique, qui sont prêts à s'investir, qui sont motivés. Ensuite, il faudra définir s'ils ont ou non des chevaux pour espérer participer aux JO et les accompagner au mieux.
Notre projet sportif dépasse cette échéance, notre objectif est de redonner une dynamique sur le long terme et préparer l'après. A deux ans et demi, il faut être lucide sur ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Paris 2024 est une étape pour le dressage, c'est une opportunité.
crédits photos : DR
source : Dressprod (reprise autorisée, uniquement sous condition d'ajout du lien cliquable d'origine !)