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Comment réussir les Jeux Olympiques de Paris 2024 ?


crédit : DR/ Paris 2024

Après une saison 2018 tourmentée et marquée par l'absence de l'équipe de France aux Jeux Mondiaux de Tryon, seule l'obtention d'une 6 ème place aux Championnats d'Europe de Rotterdam pourrait garantir une participation par équipe aux Jeux Olympiques de Tokyo. Face à la concurrence des autres nations, au regard de la qualification par équipe acquise en 2015 à Aix la Chapelle pour la première fois depuis 20 ans, la perspective de voir figurer une équipe de France à Tokyo semble mince. Quid alors d'une présence d'individuels ? Si ceux qui l'ont expérimenté se souviennent du véritable marathon, particulièrement épuisant pour les corps, les esprits et la véritable ruine financière dans lesquels il faut s'engager, encore faudrait-il remplir les conditions fédérales, non encore officialisées, pour espérer s'envoler au pays du soleil levant.

Les indicateurs semblent donc prédire que c'est bien à Versailles en 2024 que le dressage français pourrait renouer avec son destin et son histoire olympique. 5 ans et demi avant l'échéance, l’événement est aussi lointain qu'il est proche. Face à l'opportunité d'avoir les Jeux Olympiques sur notre territoire, aux formidables développement et éclairage médiatique qu'une performance significative permet d'acquérir, la volonté de bien figurer anime les acteurs de la discipline et invite, non seulement à l'observation des stratégies adoptées par celles et ceux qui avant nous recevaient ou recevront l’événement sur leur sol, mais aussi au recueil et à l'analyse des besoins, à une écoute aussi positive que collective, à la mutualisation des initiatives, comme au brain storming collaboratif.

Jeux Olympiques de Beijing 2008, la France termine 6 ème par équipe avec une moyenne de 65.403 %. Devant elle, la Grande Bretagne, 5 ème avec une moyenne de 66.806 %, soit un écart finalement assez modeste. 4 ans avant les Jeux Olympiques de Londres, le dressage britannique est en construction d'un modèle devenu depuis une véritable source d'inspiration. Outre l'Allemagne et les Pays-Bas, le podium est complété par le Danemark à 68.875 %.

Jeux Olympiques de Londres 2012, la Grande Bretagne décroche l'or par équipe avec une moyenne de 79.979 %. Plus de 13 points de croissance en 4 ans : les résultats enregistrés légitiment alors une stratégie britannique créée avec l'agence UK Sport, financée par le gouvernement et la loterie nationale pour favoriser les résultats et le développement de 42 sports dont l'équitation. Lancé avant les Jeux Olympiques de Sydney en 2000, le "World Class Programme" permettait aux sports équestres de bénéficier d'un soutien de : 3 millions de livres pour les Jeux de Sydney (environ 3.300.000 €), 4,4 millions pour Athènes (soit 4.8 millions d'€), 11 millions pour Beijing (plus de 12 millions d'€), plus de 13 millions pour Londres (plus de 14 millions d'€) et presque 18 millions pour Rio (soit près de 20 millions d'€). Environ 14.500.000 livres, soit plus de 16 millions d'€, sont quant à eux alloués pour la prochaine échéance japonaise. Bref, plus de 72,5 millions d'euros en 20 ans.

Londres c'est aussi la consécration d'une équipe dans l'équipe : Charlotte Dujardin et Carl Hester. Si le monde entier loue et reconnait leurs qualités équestres, il n'est cependant pas vain de rappeler que :

- Charlotte Dujardin débutait le Grand Prix en mars 2011, 18 mois avant l'échéance où elle serait couronnée, sur le CDI 3* de Vidauban, à 73.7 %

- Uthopia débutait le Grand Prix sur le CDI 3* de Vejer de la Frontera en mars 2010 avec une moyenne de 71.106 % et qu'avant son étalon par Metall, la meilleure performance de Carl Hester était enregistrée, selon le site FEI, sur le CDI de Vejer de la Fontera en 2008 avec Dolendo et un Grand Prix à 72.542 %. Malgré une longue carrière internationale, 8 championnats d'Europe, 2 finales Coupe du Monde, 4 Championnats du Monde et 5 Jeux Olympiques, c'est bien depuis les années 2010 que le britannique fait partie des meilleurs cavaliers de la planète : un exemple qui tend à démontrer que truster les podiums à plus de 40 ans, c'est possible.

En moins de 4 ans le dressage britannique a donc bousculé les pièces de l'échiquier. Le tout sans aucun entraîneur national : un constat qui porte à réflexion. La clé ne semble donc résider uniquement dans l'organisation d'une dizaine de stages de 2 jours par an, soit 50 stages sur 5 ans et un maximum de 100 heures passées sous l’œil d'un entraîneur pour les cavaliers les plus assidus. Le modèle anglais, c'est aussi British Dressage, créé en 1998 et qui compte aujourd'hui plus de 14.000 membres, et dont la profession de foi résume à elle seule la volonté " British Dressage est là pour vous aider à […] faire en sorte que le sport continue de se développer, […]British Dressage s’engage à faire de son mieux pour le dressage, aussi bien pour les cavaliers amateurs que les cavaliers olympiques".

Pour figurer dignement, il a aussi le modèle japonais, qui faisait l'acquisition avant les Jeux Olympiques de Rio de chevaux d'expérience, comme Toots, précédemment monté par Imke Schellekens Bartels, Don Lorean, monté par Alexandra Barbançon Mestre et le couple Fiona Bigwood/ Anders Dahl, ou encore Fabriano 58 d'abord présenté Renate Voglsang ; un modèle basé sur la formation des cavaliers au moyen de chevaux d'expérience que le Japon semble sur le point de renouveler avec notamment la location de l'étalon de Paul Schockemohle et Joop Van Uytert, Bordeaux, à Akane Kuroki.

Le modèle britannique et ses 14.000 membres permet en tous cas d'observer que c'est bien dans le collectif que la croissance a existé, et dans la construction d'une stratégie construite avec et autour des cavaliers, premiers concernés de tout projet sportif, non seulement pour favoriser leur adhésion et leur appropriation, mais aussi pour intégrer les problématiques d'une discipline dont la structure économique est souvent fragile.

Comment bien figurer à Paris en 2024, Dressprod a donc posé la question à quelques cavaliers tricolores.

Championne de France Pro Élite en 2012, représentante tricolore aux Jeux Olympiques de Londres, membre de l'équipe de France des Championnats d'Europe de Herning et des Jeux Mondiaux de Caen, Jessica Michel Botton souligne : " à mon sens, ambitionner de participer aux Jeux Olympiques ne s'improvise pas : c’est un objectif, structuré avec un projet. Un système global, propre à chaque cavalier, doit être mis en place : c'est ce qui construit la performance, la base de l'édifice sur lequel tout repose. Ce système comprend :

- un ou plusieurs chevaux avec l’âge adapté pour l’échéance 2024.

- un ou plusieurs propriétaires. Le cavalier peut aussi être propriétaire, mais si ce n’est pas le cas, il doit faire partie du projet et se sentir concerné

- un entraîneur, fixe et qui ne change tous les 6 mois, pour suivre une véritable méthode de travail - Une stratégie. Plus qu'en CSO par exemple, en dressage on voit bien qu'une stratégie de compétitions, un travail sur l'image, la crédibilité à l'international, favorisent la réussite.

- une planification, évolutive selon les entraînements, compétitions, déplacements …

- une équipe avec laquelle une relation de confiance est instaurée. Comme on dit : « seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin »

- et bien sûr un soutien financier qui permet de travailler sereinement, sans devoir compter uniquement sur le travail des chevaux, le commerce ou l'enseignement, pour financer ce projet.

Les Jeux Olympiques sont souvent un rêve, mais on oublie parfois de dire les nombreux sacrifices qu'ils incombent, tant dans le mode de vie, les loisirs, ou la vie de famille ... Quand on y arrive, évidemment ces sacrifices en valaient cependant la peine.Pour avoir participé aux 3 différentes échéances annuelles, les Jeux Olympiques c’est vraiment autre chose à vivre, grâce au contexte multi-sports et mondial des JO.

Les sollicitations médiatiques des journalistes sont d'ailleurs très nombreuses. J’ai eu la grande chance de vivre les JO Londres en 2012 : c'était une expérience inoubliable et bien sûr, si je peux, j'aimerais y participer à nouveau ! "

Membre de l'équipe de France des Championnats d'Europe d'Arnhem en 1999, Championne de France Pro Élite en 2014, Stéphanie Brieussel participait aussi aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 ; une expérience qui lui permet de constater que : " le problème est extrêmement compliqué. Il semble cependant évident que nous avons besoin de chevaux et des gens qui nous soutiennent. Les cavaliers sont souvent seuls, isolés dans leur coin, sans sponsors. La communication nous manque également. Aujourd'hui quand nous avons un bon cheval, nous sommes obligés de le vendre pour espérer conserver nos chevaux et financer la compétition. Il nous faut donc davantage de soutiens financiers. En France il y a en tous cas de bons cavaliers, qui travaillent, et qui doivent endosser tous les rôles : cavalier, chauffeur ...ce qui ne permet pas non plus d'être uniquement concentré sur sa performance."

Vice-champion de France 2008 et 2010, Rémy Issartel pense quant à lui : " il y a 2 problèmes sur lesquels nous devons travailler et qui doivent être réglés en priorité : comment produire en France plus de chevaux de qualité, pour que nous n'ayons pas besoin d'aller les chercher à l'étranger, et comment intéresser des investisseurs. Bien qu'aujourd'hui l'élevage français s'améliore, son développement nécessite du temps. La question des investisseurs doit aussi être travaillée et déboucher sur une non taxation : c'est le seul moyen d'attirer des sponsors et de les rendre acteurs d'un projet olympique. Avoir plus de bons chevaux permettra de faire émerger plus de couples performants, d'attirer davantage de soutiens et donc d'acquérir plus de confort et de liberté. Nous avons donc encore et toujours besoin d'une politique globale et de trajectoires claires pour former les chevaux et les cavaliers. La création d'une fondation pour le haut niveau comme aux États-Unis ou en Angleterre, avec des fonds privés détaxés, semble être la meilleure solution".

Réserviste des Jeux Olympique de Rio, membre de l'équipe de France des Jeux Mondiaux en 2014, 4 ème des Championnats de France 2018 avec Zo What, Alexandre Ayache estime : " pour moi, il est primordial d'être en mesure d'acheter et de conserver des jeunes chevaux de talent, en évitant de se bercer d'illusions avec des chevaux qui n'ont pas les qualités nécessaires pour atteindre le haut niveau. Nous avons parfois tendance à croire que nous avons des bons chevaux dès lors qu'ils exécutent les mouvements du Grand prix à peu près correctement. Il faut absolument avoir des partenaires, propriétaires, sponsors qui nous permettent d'accéder à cette qualité de chevaux. Nous passons trop de temps et dépensons trop d’énergie sur des chevaux présentant de très gros points faibles. Je déplore d'ailleurs que certains propriétaires de chevaux ce soient un petit peu épuisés en France, ou que d’autres préfèrent laisser leurs chevaux à des cavaliers étrangers. Pour ma part, c'est bien autour du choix des chevaux que j'oriente mon fonctionnement avec mes partenaires. J’espère que cela portera ses fruits pour Paris 2024. Une chose est sûre, c’est bien dans ce sens que nous avançons et nous ne ferons pas marche arrière."

Avec une moyenne par équipe de 70.205 % aux Jeux Mondiaux de Caen, 70.919 % aux Championnats d'Europe d'Aix la Chapelle et 71.914 % aux Jeux Olympiques de Rio, le dressage tricolore a prouvé qu'il était capable d'avancer et de se mobiliser. Alors que l'avenir olympique des sports équestres reste particulièrement incertain, formulons donc le vœu qu'en 2019, il continue de trouver sa voie et qu'il ait l'opportunité, de s'exprimer.

sources :


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