Antoine Nowakowski : Quatergirl montre déjà un réel de potentiel pour les mouvements du Grand Prix
Coup d'essai, coup de maître : pour leur premier concours en France, non contents de prendre la seconde place du Championnat des 7 ans, Antoine Nowakowski et Quatergirl décrochaient aussi leur ticket pour les Championnats du Monde. Le couple installé en Belgique créait donc la surprise. Son parcours, sa jument, ses activités, ses objectifs et ses autres chevaux, rencontre avec Antoine Nowakowski.
Vous étiez sélectionné il y a une dizaine de jours pour représenter la France aux Championnats du Monde des 7 ans avec votre jument Quatergirl. Pouvez-vous nous raconter votre parcours et notamment ce qui vous a amené à vous installer en Belgique il y a bientôt 10 ans ? J’ai grandi dans le Nord de la France à côté de Lille, et j’ai commencé à monter à cheval vers l’âge de 12 ans. Comme une majorité de jeunes je pense, j’ai commencé comme cavalier 100% obstacle, je faisais partie de ceux qui pensaient que le dressage ne sert strictement à rien si ce n’est qu’à faire joli. Les rencontres, les chevaux que j’ai été amené à monter m’ont fait prendre un virage à 180 degrés et à me dire : «piaffe, passage, ces sensations là, c’est ce que je veux faire de ma vie. » Bien décidé à atteindre ce nouvel objectif et après avoir décroché mon Bac, je me suis orienté vers la Belgique pour pouvoir concilier plus facilement mon entraînement avec les chevaux et mes études dans une Fac de commerce à Bruxelles. A l’époque, j’avais 18 ans et encore peu d’expérience en dressage. C’est avec Paco, mon premier cheval, et Ludovic Henry que j’ai commencé à sortir en compétition notamment sur les épreuves Jeunes Cavaliers. Puis j’ai croisé la route de ma jument Vidermie avec laquelle j’ai fait mes premiers internationaux sur le Petit Tour. En parallèle, j’ai opté pour finir mes études en cours du soir, ce qui m’a alors permis de faire des allers-retours vers les Pays Bas que j’avais choisi comme base d’entraînement. Je rentrais tous les soirs à Bruxelles pour aller à la Fac de 18h à 21h30. Je me rappelle, de tous les trajets que j’ai effectués et les journées à rallonge, je me dis maintenant que c’était de la folie mais quelle expérience gagnée ! Après ces 2 ans aux Pays-Bas, je suis rentré en Belgique avec mes chevaux et je me suis installé à mon compte en tant que cavalier professionnel et coach ; un événement marquant lié, la rencontre de celle qui deviendra quelques années plus tard ma femme. Nous allons d'ailleurs devenir bientôt parents, en février prochain. Quelles sont vos activités ? Nous avons une écurie de dressage située dans le brabant Wallon. Nous l’avons axée sur le respect des besoins des chevaux et leur bien-être. Les 25 chevaux sortent tous les matins en prairie été comme hiver. Mes matinées sont consacrées à l’entraînement de mes chevaux et de ceux qui sont au travail. Je monte en moyenne entre 5 et 7 chevaux par jour.
L' après-midi est consacrée au coaching. C’est une part importante de ma vie et je suis vraiment passionné par l’idée de transmettre mon expérience et de voir les chevaux évoluer avec leurs cavaliers. C’est une discussion permanente entre le cheval, l’élève et le coach. Quel est le feeling ressenti ? Quelles sont les problématiques ? Comment les résoudre ? Quel(s) chemin(s) emprunter ? C’est vraiment très motivant. Vice-Championne de Belgique à 6 ans, Quatergirl sortait pour la première fois en France pour ce Championnat de France des 7 ans. Comment l'avez-vous découverte, quelle est son histoire et espériez-vous un tel résultat au Mans ? Le Mans a été la toute première sortie de la jument sur le circuit français. Jusqu’alors, je ne sortais qu’en Belgique où la jument effectuait une saison vraiment excellente. Je me suis dit qu’il fallait tenter ma chance pour les sélections des Championnats du Monde mais je n’avais aucune idée des concurrents qui y seraient présents. Cependant je savais que Quatergirl pouvait se démarquer. C’est une jument que j’ai acheté à 4 ans en Allemagne avec l’aide mon amie Mélanie (ndrl Dresshorse). Elle était très verte quand elle est arrivée à la maison et je me rappelle de nos premières séances où je n’arrivais même pas à la faire trotter ni tourner. Vous savez, ce fameux moment où l’on se demande si l’on n’a pas fait une erreur de casting ? Mais très rapidement nous avons eu la certitude d’avoir fait le bon choix. Nous avons vraiment "cliqué" ensemble. Ma femme, Yanna, s’amuse toujours à dire qu’entre Quaty et moi c’est une histoire d’amour.
Comment envisagez-vous désormais de vous préparer aux Championnats du Monde ? Avec qui et comment travaillez-vous habituellement ? Je travaille chaque semaine avec Françoise Hologne qui cadre l’ensemble de mon travail avec précision et régularité. Françoise me suit depuis mon retour en Belgique et nous avons une complicité qui rend notre travail au quotidien très efficace. Elle n’a pas peur de me dire les choses et c’est elle qui m’a incité à m'engager pour obtenir cette sélection.
Je travaille en parallèle avec Eddy Swennen qui nous suit avec Quatergirl et ajoute de nombreux et précieux détails techniques.
Sans oublier Isabelle Judet avec qui notre écurie organise régulièrement des clinics et qui me permet d’avoir le regard d’une juge 5* sur l’ensemble de mon travail. Elle me donne un angle de vue très différent, et me permet de comprendre ce qui se passe "en coulisses", ce que les juges cherchent à voir. Mais je pense très honnêtement que la majorité de ma préparation pour les Championnats du Monde sera de garder notre routine. Suivi technique extrêmement régulier et préparation physique de la jument. Quatergirl est vraiment entretenue comme une athlète de haut niveau (ostéopathe, technologie Bemer...). A cela s’ajoute aussi ma préparation physique, un peu de running, un stretching régulier et beaucoup de gainage. Je pense que de nos jours, il est possible d’avoir une vision du dressage très ambitieuse en compétition tout en travaillant de manière ludique et décomplexée. La jument sort en prairie tous les matins. J’intègre dans ma routine beaucoup d’équitation éthologique. Je monte Quaty en moyenne une fois par semaine sans bridon, en cordelette. Les sensations sont incroyables et uniques. Je sens que la jument a envie de travailler avec moi, de jouer avec moi. J’associe aussi à mon travail un peu d’obstacle avec ou sans bridon. Cela me permet de voir une réelle différence sur son mental, sur sa volonté de rester en harmonie avec moi quand nous revenons à un travail bien plus technique. Quatergirl a-t-elle vocation à être commercialisée ? Quels sont vos objectifs avec elle ? Non, pour l’instant il n’en est pas question. A seulement 7 ans, Quaty montre déjà un réel de potentiel pour les mouvements du Grand Prix avec notamment une grande facilité pour le piaffer et le passage. Après les Championnats du Monde, l’objectif sera de l’emmener progressivement vers le Grand Prix, mais nous sortirons très certainement en Petit Tour sur le circuit international l’année prochaine afin de permettre à la jument d’acquérir plus d’expérience sur les gros événements. Quels sont les autres chevaux sur lesquels vous pouvez vous appuyer ? Nous avons à la maison un cheval de 8 ans par Bordeaux que nous préparons pour le Saint Georges. Nous le présenterons probablement l’année prochaine sur le circuit national belge. En parallèle je viens de faire l’acquisition d’un hongre de 5 ans par Dancier. Il est arrivé aux écuries juste avant les Championnats de France du Mans et je le pense très prometteur. J’ai encore besoin de temps pour fixer mes objectifs avec lui et pour ne pas le bousculer mais le but est de concourir sur le circuit jeunes chevaux l’année prochaine. Je travaille également un 3 ans par Totilas très prometteur. Sa propriétaire aimerait le voir sortir sur le circuit des 4 ans l’année prochaine. Par ailleurs, nous cherchons sans cesse des nouveaux talents, poulains comme jeunes chevaux, afin de continuer à construire la relève et le futur.
crédit photo : Les Garennes