top of page

Alexandre Ayache : je ne monte plus du tout comme avant

Quelques semaines seulement après sa médaille d’argent aux Championnats de France, Alexandre Ayache subissait de plein fouet la tempête qui défigurait et traumatisait les Alpes-Maritimes. Le bilan était alors lourd avec près de 540.000€ de dégâts... La reconstruction désormais presque achevée, c’est en homme neuf qu’Alexandre Ayache aborde désormais la vie et sa saison 2021 :

3 mois après la tempête Alex et le désastre causé dans les vallées de la Vésubie et de la Roya, comment allez-vous ?

Nous avons perdu 10 boxes, le club house, une aire de préparation, la moitié de la toiture du manège et celle du marcheur, des tonnes de sable. Il a donc fallu tout reconstruire. Nous arrivons maintenant à la fin des travaux, même si depuis deux jours, la neige s’est invitée. Mes frères et moi, aidés de l’entreprise d’un ami, avons fait les travaux nous-mêmes. Les assurances n’ont pas forcément joué leur rôle, même si j’avais souhaité que notre couverture soit la plus protectrice possible. Nous ne sommes donc indemnisés qu’à environ 60 % de ce que la reconstruction coûte, sachant que les dégâts s’élèvent à presque 540.000€ … Il y avait de quoi avoir envie de tout arrêter. Heureusement pour nous, nous avons eu quelques bonnes années, nous avons continué à vendre des chevaux cette année malgré la Covid 19, et nous avions mis de l’argent de côté pour des projets qui tenaient à cœur à Grëte comme : la pose de panneaux photovoltaïques sur la toiture du manège et la production d’écobriques avec le fumier. Cette réserve a donc été utilisée pour reconstruire ce que nous avons perdu. Jusqu’à présent, je n’avais jamais trop parlé des problèmes que nous avons rencontrés car il y a tout autour de nous des gens qui ont tout perdu, y compris la vie …

Comment avez-vous géré le travail de vos chevaux ?

Depuis un mois et demi, je me suis principalement concentré sur mes chevaux de tête même si j’ai eu moins le temps de monter : les journées commençaient à 6h pour s’achever à 22h. Nous avions besoin d’aller vite, de faire deux journées en une. Je vais enfin pouvoir me remettre normalement à cheval à la fin de cette semaine.

N’avez-vous pas été tentés de tout arrêter ?

Nous avons bien réfléchi avec Grëte et nous sommes demandés ce que nous pouvions faire. Mais partir, pour aller ou ? Pour faire quoi ? Les Landes, le Var ont été touchés dernièrement, le problème est bien plus vaste que ça : nous avons sacrément abimé la planète et aujourd’hui elle ne se prive pas de nous le faire savoir. Quoi qu’il en soit, nous sommes très bien ici, c’est certes le bout du monde mais c’est notre petit coin de paradis. Nous avons donc décidé de reconstruire ce que nous avions construit une première fois, même si là, tu t’aperçois que tu as vieilli (rires).

Que vous a appris cette malheureuse expérience ?

A voir la vie différemment, à réaliser l’importance de passer du temps avec les gens qu’on aime, à voir la compétition et l’équitation d’un œil neuf. Maintenant, je veux sortir et me régaler, le reste est accessoire : c’est l’état d’esprit auquel je vais désormais m’attacher, même si ça ne veut pas dire que je n’aurai pas la niaque. Je m’aperçois aussi que je ne monte plus du tout comme avant. J’aurais dû écouter ce que dit Carl Hester depuis 20 ans, que les chevaux doivent travailler 4 fois par semaine etc … J’aurais gagné du temps même si je crois qu’il y a un cheminement que chacun doit faire. Je n’étais surement pas assez mûr jusqu’à présent. Bref, c’est ce que je fais avec Zo What et ça fonctionne bien.

Comment va Zo What et sur quels chevaux comptez vous pour 2021 ?

Zo What va très bien, comme tous mes autres chevaux d’ailleurs. Je me concentre sur la décontraction et sur du stretching pour pouvoir gérer alternativement la pression et le relâchement. Il le fait de mieux en mieux, il comprend davantage les choses et je pense que, depuis le concours de Frankfurt, nous sommes vraiment devenus copains. Il a longtemps été sur la réserve mais cette confiance qu’il me porte désormais lui fait passer des caps : quand il ne comprend pas quelque chose, il se fie plus à moi. Je pense qu’il a encore facilement deux ou trois saisons devant lui.


J’ai également Double Dutch et Farao sur lesquels je peux compter. Le fait d’avoir travaillé différemment cette année leur a permis d’avancer : en période de concours, nous n’avons pas toujours le temps et la possibilité de revenir aux bases ce que nous avons cette fois pu faire.


El Rey est également prêt pour le Grand Prix, les changements de pied au temps sont maintenant calés. Quant à Samira, dès que nous avons compris que l’année 2020 serait compliquée, elle est partie au transfert d’embryons et nous a donné un magnifique poulain par Vitalis. Elle a depuis repris le travail et est, elle aussi, en pleine forme.


Potentiellement j’ai 6 chevaux qui peuvent faire le Grand Prix très bien. J’ai également des jeunes assez fantastiques qui arrivent : un 11 ans terriblement expressif, 3 chevaux de 8 ans dont une jument prête au Grand Prix, une 7 ans incroyable, un 6 ans … J’ai un piquet de chevaux comme jamais je n’aurais pu l’imaginer. Nous avons la chance d'avoir Karim Barake qui nous soutient beaucoup, sans jamais nous mettre la moindre pression et qui nous laisse totalement carte blanche sur la gestion des chevaux. C'est une aide formidable.

La compétition internationale vous a-t-elle manqué cette année ?

Nous ne sommes pas ressortis depuis le CDI 5* de Frankfurt où le public était incroyable et où Zo What déroulait sa première reprise libre : après une telle expérience, j’aurais effectivement voulu faire quelques autres gros concours. Je crois que Zo What n’a pas encore montré tout son talent et tout son potentiel.

La perspective des Jeux Olympiques de Tokyo et des Championnats d’Europe de Hagen vous fait-elle changer votre mode de fonctionnement ?

Non, je ne change rien. J’ai la chance d’avoir une femme qui monte le Grand Prix depuis très longtemps. Peu de gens le savent mais elle a passé tous ses examens de juge. Par ailleurs, je me suis aperçu que, quand je me filme, personne n’est aussi dur que je le suis avec moi-même. Je me filme donc beaucoup.

En 2021, vous fêterez les 10 ans de vos débuts en international. Quel regard portez-vous sur cette décennie ?

Quand tu sais d’où je viens, c’est un rêve éveillé. Ce n’est pas arrivé par hasard, nous nous sommes donnés du mal mais, si tu crois en tes rêves et que tu es prêt à travailler dur pour y arriver, tout est possible. Il y a le facteur chance, mais il y a aussi la chance qu’on se crée. Il faut juste ne pas avoir peur de se faire un peu mal. 10 ans c’est long mais très court à la fois. Quand je regarde ce que je faisais avec Lautrec à l’époque, je m’aperçois que je n’avais rien compris à ce qu’on voulait voir sur un Grand Prix. Je faisais l’autodidacte en imitant ce que je voyais les autres faire. Il y a des chevaux que j’ai monté à l’époque que je serais curieux de remonter aujourd’hui avec l’expérience que j’ai acquise depuis.


crédit photo : DR


childéric janvier 2024.jpeg
la collection 2024.jpeg
encart haras de la gesse janvier 2022.gif
ENCART FAVEREAU NOV 2022.jpg
HARAS DU COUSSOUL 2024 DEF.gif
pixio octobre 2023.jpg
EquitStore DressProd.gif
encart haras du feuillard dec 2022.gif

ÉGALEMENT DANS L'ACTU

bottom of page