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Ismail Jilaoui s'installe dans le Drôme, à Romans sur Isère

Ismail Jilaoui entrait dans l'histoire en 2018 comme le second athlète marocain à concourir, en dressage, aux Jeux Mondiaux. Après Tryon, il poursuivait sur sa lancée et décrochait sa qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 ; un rendez-vous auquel il devait malheureusement renoncer en raison du report des JO à 2021 et de la blessure de son cheval What a Feeling 3 mois avant l'échéance. Après presque 8 années consacrées au sport de haut niveau pendant lesquelles il participait au CHIO d'Aix la Chapelle, aux Championnats du Monde Jeunes Chevaux d'Ermelo et où il offrait au Maroc ses deux premières victoires historiques en international sur le Grand Prix sur le CDI de Séville, Ismail Jilaoui a décidé de s'installer dans la Drôme qui l'a vu naître, à Romans sur Isère, pour désormais ouvrir son écurie ; une structure à taille humaine tournée vers l'enseignement, la valorisation et évidemment le haut niveau.


Pourquoi avoir pris la décision de vous installer à votre compte, dans la Drôme ?

Il y a encore quelques temps, j'habitais à Casablanca avec ma famille. Le Prince Moulay Abdalah (NDLR : le Président de la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres) avait souhaité que je prépare les Jeux Olympiques de Tokyo, en Belgique, aux côtés de l'équipe nationale de CSO, elle aussi qualifiée pour les JO. Quand le Covid s'est rependu sur le monde, les frontières marocaines ont été fermées et j'ai été coupé et éloigné de mes enfants pendant 4 mois ... J'ai donc eu le temps de réfléchir et j'ai décidé que je ne pouvais pas revivre cette situation. Tout le monde est donc rentré en Europe. Jusqu'à présent j'étais exclusivement tourné vers le haut niveau avec la volonté de prendre de l'expérience : il m'était donc difficile de prendre des chevaux au travail ou de développer l'enseignement par exemple.


Je souhaite maintenant reconstruire un système avec toujours en ligne de mire les grandes échéances et notamment les Jeux Olympiques de Paris. J'ai posé mes valises à proximité de Valence, à Romans sur Isère, qui se situe dans le triangle Valence/Lyon/Grenoble dans l'écurie Bo Regard : je loue une aile d'écurie où j'ai 8 boxes. Mon but est de faire du qualitatif dans une structure et un fonctionnement à taille humaine.

Malgré vos expériences du haut niveau ces dernières années, on connaît finalement assez peu votre parcours préalable.


Je suis issu d'un milieu plutôt modeste, j'ai donc dû me faire tout seul comme on dit. J'ai débuté l'équitation à l'âge de 10 ans, dans un centre équestre à 12 km aller-retour de chez mes parents où je me rendais en vélo. A force d'y donner un coup de main, j'ai rapidement passé un diplôme fédéral d'animateur poney bénévole qui me permettait, en contre partie, de pouvoir monter ; un échange de bons procédés auquel je me suis adonné tout au long de ma scolarité. A cette époque j'ai très peu monté en concours, tout simplement pour des questions de moyens financiers.


Après le Bac, j'ai travaillé dans une écurie où je faisais un peu de tout, aussi bien de l'animation poney que de l'encadrement de balades, pour financer l'année suivante ma formation d'enseignant. Après une année à travailler dans la région grenobloise, et une riche expérience dans l'éducation populaire, j'ai décidé de me lancer à 25 ans et de créer ma structure avec à l'époque 7 poneys seulement. Au fil des années le centre équestre s'est développé avec un gros secteur axée sur l'hippothérapie. Le haut niveau est arrivé par la suite, au gré de rencontres et d'opportunité : j'ai commencé à monter sur le circuit Jeunes Chevaux, puis directement sur les épreuves Pro et enfin le niveau international. Après 10 ans, j'ai revendu cette structure à ma monitrice : entre le haut niveau auquel je voulais me consacrer et les stages que je donnais à l'étranger, j'avais de moins en moins de temps, il a donc fallu faire un choix.


Pourquoi désormais souhaiter passer davantage à la transmission ?

Je suis avant tout un autodidacte mais j'ai eu la chance de travailler avec des entraîneurs de qualité ces dernières années, français comme étrangers qui se sont toujours investis pour me transmettre leurs connaissances et leurs expériences. Mon premier métier étant l'enseignement, j'ai désormais envie de m'y consacrer davantage, pour transmettre à mon tour ce que j'ai appris.


Plus jeune, j'ai fait quelques stages avec Serge Cornut, qui m'a mis sur les railles de la discipline, mais aussi avec la famille Scherer car le complet était mon premier amour. Je me suis ensuite lié d'amitié avec Charlotte Chalvignac-Vesin et Jean Vesin qui m'a d'ailleurs aidé un moment : Charlotte et moi avons d'ailleurs débuté ensemble les épreuves Pro. Par leur intermédiaire, j'ai rencontré Alexandre Ayache : c'est quelqu'un qui a un peu le même parcours que moi, un autodidacte issu d'un milieu modeste, et qui m'a aidé et fait passer des caps à une époque où j'avais très peu de moyens financiers, juste par passion et amitié. Je me suis également entraîné quelques mois avec Arnaud et Anne Sophie Serre. Sur l'étape Coupe du Monde de Stuttgart, en novembre 2017, j'ai rencontré Daniel Pinto : nous nous sommes revus sur le concours de Séville et j'ai fini par me rendre chez lui, non loin de Lisbonne, pour bénéficier de ses conseils mais aussi participer aux CDI organisés dans la région à cette époque. C'est par son intermédiaire que j'ai rencontré Kyra Kyrklund qui m'a ensuite entraîné : un vrai bouleversement, elle m'a fait faire un bond en avant ; c'est une femme fantastique qui, en tant que finlandaise, sait ce que c'est d'être issu d'une petite nation du dressage.

Le haut niveau fait -il toujours partie de vos ambitions ?

L'ambition est toujours là. Je travaille désormais à reconstruire un piquet de chevaux. J'ai un bon lusitanien qui vient de l'élevage Massa, propriété de Mme Abkari-Delacre : je pense qu'il a tout pour faire le Grand Prix, un KWPN de 14 ans propriété de la FRMSE et j'ai également un excellent cheval de 7 ans. J'espère que d'autres choses vont aussi se mettre en place, y compris avec des propriétaires qui auraient envie de s'engager dans l'aventure du haut niveau, tant en Jeunes Chevaux que sur le Grand Prix. J'aime construire mes chevaux aussi à l'image de "What a feeling" que j'ai construit de ses 3 ans et demi au niveau Grand Prix.

Quelles sont aujourd'hui vos relations avec la fédération marocaine ?

Outre les relations que nous avons évidemment dans le cadre du sport de haut niveau, pendant plusieurs années je suis intervenu auprès de l'équipe nationale et de l'écurie fédérale (NDLR : l'écurie de jeunes chevaux) lorsque Philippe Rozier était entraîneur et sélectionneur du CSO marocain, en lien avec son adjoint Olivier Desutter, pour le travail sur le plat où j'amenais mes compétences de dresseur. Il s'agissait d'un projet très intéressant car les 3 disciplines olympiques me passionnent. J'ai ensuite continué sous l'air de Marcel Delestre avec l'écurie fédérale.

L'approche des Jeux Mondiaux de Tryon puis la période de qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo a cependant nécessité que je me concentre davantage sur mes objectifs sportifs : j'ai donc cessé d'intervenir auprès de la Fédération marocaine. Mais je reste le 1er fan de notre équipe de jumping, Kebir nous à tant fait vibrer avec Quickly et nos cavaliers sont très doués à l'image de Ghali, Ali, Samy et les autres !

Nous avons beaucoup de chance d'avoir le Prince Moulay Abadalh comme Président de la fédération : il a une vraie vision à long terme qui a énormément développé les sports équestres au Maroc et le haut niveau avec notamment l'organisation du Morocco Royal Tour (NDLR : 3 internationaux de CSO). Cette année récompense les fruits de son travail et de sa vision avec la participation d'une équipe en CSO et un individuel en dressage ce qui est historique. Il fait partie des personnes importante dans mon parcours car il m'a beaucoup soutenu tant sur le plan logistique que moral y compris lors de la blessure de mon cheval.

Je n'envisage pas de représenter le Maroc sur le niveau international sans rester en connexion avec le national, c'est pour ça que le projet fédéral me plaît et je continue en parallèle à entraîner des cavaliers privés. J'espère cependant que c'est quelque chose qui pourra à nouveau se remettre en place car j'ai beaucoup apprécié cette expérience fédérale. Je sais par ailleurs que Philippe Lejeune, aujourd'hui en charge de l'équipe marocaine de saut d'obstacles, est très sensible au travail des chevaux sur le plat : il a d'ailleurs travaillé avec Patrick Le Rolland.

Que vous a appris le haut niveau ?

A être flexible et à m'adapter (rires). Une anecdote résume d'ailleurs bien cet apprentissage … En 2018, lorsque je participais au CDI 4* d'Aix la Chapelle, j'envisageais de faire le Grand Prix Spécial, pensant, à tord, que les meilleurs couples choisiraient la reprise libre dans laquelle je me suis finalement orienté. Je n'avais pas de musique, pas de texte et pour dire la vérité je n'avais jamais déroulé de freestyle de ma vie. J'ai donc sérieusement songé à déclarer forfait tout en trouvant que c'était quand même dommage. Kyra était présente ce jour là. Tout d'un coup, elle est partie sans trop donner d'explication pour revenir un peu plus tard en me disant «tiens, voici ta musique». En fait elle avait été demander à Cathrine Dufour si elle n'avait pas sous la main son ancienne musique et elle a accepté de me la prêter. J'ai eu un jour et demi pour m'imprégner de la musique et apprendre le texte et c'est ainsi que je me suis retrouvé à Aix la Chapelle, à dérouler ma première libre, au pied levé, sur une musique de cette cavalière pour qui j'ai évidemment beaucoup administration ; une expérience inoubliable !


crédits photos : DR

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