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Agathe Stempflin : entre passion et patients

Qu'ils soient grands, qu'ils soient petits, qu'ils aient une centaine ou seulement quelques poulinières, qu'ils soient confidentiels ou professionnels, c'est toujours avec convictions qu'ils exercent leur passion... En ce début d'année, Dressprod initie une nouvelle série, dédiée à ces éleveurs qui ne comptent pas leurs heures. Portrait.

5h30. Un café rapidement avalé, il est temps de se mettre en route et de quitter le Kochersberg : oui, nous sommes aujourd'hui en Alsace, à quelques encablures seulement de la capitale européenne. Au loin, les Vosges, dont les cimes sapinées encore peu enneigées nous accompagneront pendant un bon bout de chemin. Obernai, le rougeoyant Haut-Kœnigsbourg, Colmar, Mulhouse : à flanc de collines, les vignes nues, bientôt sources des prochaines cuvées de douceurs locales, s'illuminent doucement des premières lueurs du matin. A deux pas de la frontière suisse, Folgensbourg nous attend ; à peine 1000 âmes qui dominent Bâle. Sa mairie, son école, son église Saint Gall et ses quelques maisons colorées : le tour du village est vite expédié, il n'y a de toutes manières pas de tourisme programmé. Rapidement traversé, nous quittons la route principale, tournons chemin de « Erbacker » – « boulanger » pour les proches voisins allemands -, pour rejoindre et découvrir le Haras du Steinberg, petit élevage de Oldenbourg sans prétention mais pas dénué d'ambition.

Malgré la fraîcheur et l'heure encore très matinale, la maîtresse des lieux, Agathe Stempflin, est depuis longtemps à la tâche. C'est déjà auprès de ses chevaux que nous la retrouvons, affairée à nettoyer ses boxes et son écurie à la propreté pourtant déjà irréprochable. L'influence germanique est bien là, empreinte de ce petit sens du détail. A 38 ans, la dynamique haut rhinoise, jongle entre deux carrières : celle d'infirmière anesthésiste, et celle d'éleveuse ; une seconde activité menée avec Fabien, son conjoint. Inutile de dire qu'ici aussi les deux dernières années ont mis à rude épreuve les corps comme les esprits ; un surmenage systémique que seuls les vrais passionnés peuvent assumer et supporter, quitte à renoncer aux week-ends, jours fériés, congés et autres petits moments de légèreté.

Avec seulement 4 poulinières, le Haras du Steinberg – en référence aux mégalithes locales du même nom -, a fait le choix de l'élevage familial ; une orientation assumée vers la qualité et non la quantité. Au cœur des 10 boxes, c'est d'abord G-Cilla HDS qui nous tend son petit bout de nez. Un brin arabisée, la petite baie découverte et acquise non loin d'Utrecht aux Pays-Bas est pourtant une KWPN, fille de Glock's Romanov et Ferro, dont la tante, Die Callas, gagnait en CDI et concourrait jusqu'en Coupes des Nations avec l'anglaise Anna Ross Davis après une brève carrière sous la selle de Nars Gottmer puis Andreas Helgstrand. Si elle est d'emblée moins flatteuse, sa voisine de boxe n'a pas à rougir de ses origines : fille de Totilas et Blue Hors Romancier, Ticara HDS vient elle de la souche maternelle de U-Caro, présenté jusqu'en Grand Prix Coupe du Monde ; et Impression, le prometteur fils de Blue Hors Don Schufro associé à Diederik van Silfhout et co-propriété de Joop van Uytert. Nous accueille ensuite Ruling Foxy HDS : une fille de Rohdiamant et Welt Hit II née chez Harli Seifert. Pour l'alezane de 13 ans aussi, la lignée est éprouvée puisqu'on retrouve en effet dans le pedigree de l'Oldenbourg, Bones monté sur le Petit Tour en CDI par Dominique d'Hoore van der Horst, St Emilion, une des révélations de l'approbation Oldenbourg 2021 ou encore Gio Granno, le crack que montait Franck Sloothaak jusqu'en CSI5*. Dernière à tendre l'encolure, Harmonie HDS : primée en Allemagne, couronnée jument Élite pour la qualité de sa progéniture, la jolie noire par Blue Hors Hotline et Davignon II n'est autre que la mère de Maserati HDS, produit de la structure alsacienne le plus connu à ce jour en raison de son approbation au Oldenbourg en 2019. La reine de l'écurie, Donnerdiora HDS, elle, n'est pas là et peaufine toujours sa préparation pour le Grand Prix après son titre de Championne de France Pro 2 en 2019 : c'est pourtant par la fille de Krack C et Donnerschlag, découverte en Autriche, que l'élevage était censé débuter il y a voilà quelques années. La reproduction attendra finalement, le temps d'une carrière sportive, même si l'idée d'un recours à un transfert d'embryon fait doucement son chemin.

Le rapide tour des boxes terminé et les présentations effectuées, l'éleveuse, toujours à l’affût du petit brin de paille échappé de ses boxes pourtant parfaitement bordés, nous emmène, au détour de son manège et de sa maxime « Carpe Diem », dans ses quelques hectares de prés où grandissent certains de ses protégés. A quelques semaines des premières naissances, la jeune femme profite encore d'un calme relatif avant la venue au monde de seulement deux poulains cette année : des croisements, déjà réservés, par Valderde et Totilas & Dynamic Dream et Rohdiamant marqués par l'expérience, le conseil et l'amitié d'Harli Seifert. Il faut dire que les deux femmes ont, jusqu'au cœur de l'intime, des points communs, quitte à en créer presque une certaine filiation ... Si de ce côté de la frontière, l'allemande de 80 ans passés n'est identifiée que des plus expérimentés, elle s'est depuis longtemps forgée une solide réputation pour avoir élevé les étalons Rubin Royal, Glock's Romanov, Blue Hors Rockefeller, Color Rubin, Rumicello, Rubino Vincento, Rubin Action et en France : Don Amour de Hus, l'ex-cheval de Grand Prix d'Alizée Roussel ou, entre autres, Couletto, finaliste de la Coupe du Monde de Leipzig en 2011 avec Simon Delestre. A deux battements d'ailes (de cigogne) du Rhin, le Haras du Steinberg ne verra jamais moult chevaux galoper dans ses prés. C'est donc en Allemagne qu'Agathe Stempflin se rend régulièrement pour suivre la croissance de quelques uns de ses autres poulains ; un voyage qui la conduit naturellement au Haras de Lodbergen.

Créée en 2008 autour de l'héritage de l'élevage d'Harli Seifert, la structure s'est depuis faite un nom à haut niveau grâce aux résultats de son étalon de tête, Dante Weltino, double médaillé de bronze par équipe aux Championnats d'Europe de Göteborg et Rotterdam, et membre de l'équipe suédoise des derniers Jeux Olympiques avec Therese Nilshagen. Quasi conscrites, les deux femmes ont, au gré de longues discussions passionnés, appris à s'apprécier ; des échanges qui continuent de forger l'expertise et le coup d’œil de l'éleveuse et qui influent parfois ses choix avec, par exemple, la naissance l'année dernière de La Vie en Rose HDS.

Le tour des prés achevé, les quelques centaines de mètres à remonter permettent d'observer l'architecture des lieux, ses espaces paysagers, aussi modernes que parfaitement intégrés à ses collines vallonnées. Et, avec la vivacité des exaltés, comme si ses journées pouvaient être davantage prolongées, l'éleveuse évoque ses nouveaux projets : avec une jument de 4 ans acquise lorsqu'elle était foal, Ruby Top Secret par Secret et Blue Hors Don Schufro, dont les frères et sœurs Ruling Cortes, Ripasso et Famosa évoluaient jusqu'aux Championnats d'Europe Jeunes Cavaliers et sur Grand Prix en CDI, ou encore l'accueil d'une nouvelle présentation de poulains au studbook Oldenbourg avec l'attribution de primes fin août prochain.


La conversation pourrait continuer … Il est cependant temps pour elle de s'en aller, rejoindre son autre métier : une double vie effrénée, triple si on considère celle de pompier (!), qui force le respect, sans place pour l'oisiveté, autorisée par une gestion à la hauteur, et une ferveur tout sauf amateur.

crédits photos : DR


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