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Audrey Blaü : j'ai un piquet de 15 chevaux pour ma relève

Après une décennie passée à barouder de sa Belgique natale à l'Alsace, du sud de la France en passant par Saumur et l'Allemagne, Audrey Blaü était en 2020 une nouvelle venue sur le Grand Prix. Si, son objectif n'est pas aujourd'hui de « performer », la jeune trentenaire a choisi de profiter de ce que son cheval peut lui donner pour se former et préparer la suite de sa carrière. Son parcours, son piquet de chevaux, ses objectifs, la compétition internationale, rencontre avec Audrey Blaü :

Bien que vous soyez aujourd'hui cavalière de Grand Prix, vous restez encore relativement peu connue du grand public. Quel a été votre parcours jusqu'à présent ?


Après mon Bac en 2009, mes parents m'ont incitée à faire des études : j'ai donc rejoint la Fac de médecine. J'ai dû vendre la jument que je m'étais achetée avec mes modestes économies lorsque j'avais 14 ans... J'en ai fait une dépression ... J'ai finalement arrêté mes études et je me suis mise à monter des chevaux pour des particuliers. On peut dire que ça a été le début de ma carrière professionnelle dans les chevaux. J'ai ensuite vu un reportage à la télé sur Mario Luraschi chez qui j'ai été groom quelques mois. J'ai poursuivi avec un remplacement au Haras de la Ferme Rose où était déjà installé Bertrand Liegard : ça n'a duré que deux semaines mais ça m'a beaucoup marqué et apporté. J'ai enchaîné sur plusieurs élevages, dont celui de Dany Lahaye dans le sud de la France : je voulais tout comprendre, je crois que j'ai lu toute sa bibliothèque … J'ai dévoré tous les ouvrages de la littérature classique, ce qui m'a permis d'enrichir ma culture équestre. Après quelques mois, je suis rentrée en Belgique et j'ai rencontré Eric Jacquemet qui a aimé comment je montais : il m'a alors mise en relation avec Laurence Sautet. Elle m'a rappelée 6 mois plus tard en m'expliquant que le Cadre Noir cherchait une stagiaire pour les 3 femmes en noir. J'ai donc fait mes valises et pendant 2 ans je les ai assistées, puis j'ai passé le diplôme d’entraîneur grâce à un cheval que des amis m'ont donné. A Saumur, j'ai rencontré Philippe Limousin qui est toujours aujourd'hui un vrai maître pour moi : grâce à lui j'ai pu mettre des mots sur ce que je faisais depuis des années. Il m'a aussi fait monter ses chevaux et a confirmé la pertinence de mon idée d'aller en Allemagne pour poursuivre et affiner ma formation. J'ai donc rejoint Ariane Pourtavaf, puis, grâce à Jan Bemelmans, chez Kasselmann : ils cherchaient à l'époque un cavalier de Grand Prix ; une image que je n'avais pas du tout de moi car mon expérience en compétition était maigre ! Pour des raisons familiales et personnelles, après quelques mois, j'ai dû rentrer à regret. Il fallait que je travaille … Je me suis donc mise à mon compte avec 400€ d'économies en poche.

Quelles sont vos activités ?

Je valorise aujourd'hui principalement des chevaux pour des investisseurs. J'ai aussi des chevaux, parfois compliqués, qui viennent pour quelques temps, pour passer un cap ou de régler un problème. J'ai aussi développé une compétence dans les préférences motrices : c'est un sujet qui me passionne, et permet de comprendre que chacun a des chaînes musculaires préférentielles selon le fonctionnement de son cerveau. Je suis donc appelée pour des diagnostics. Enfin, comme tout le monde, je propose des stages chez moi ou à l'extérieur.

Comment avez-vous rencontré Fidji, votre cheval de Grand Prix ?

En fait, je l'ai vu en photo et, je ne peux pas vous dire comment car ce n'est forcément très rationnel, j'en suis tombée amoureuse. J'ai contacté sa propriétaire et, comme il a une visite vétérinaire avec des naviculaires pas tout à fait parfaits sur les antérieurs, je lui ai dit que, si elle me le vendait, elle pourrait nous suivre jusqu'en Grand Prix. Au premier coup d’œil, j'en ai été convaincue. Elle a accepté et je l'ai payé un petit prix mais à mensualités. Il avait 7 ans et ne savait pas faire grand chose et ne changeait pas de pied.


Pourquoi êtes vous installée en France et non en Belgique ?


Avant Fidji, j'avais déjà acheté deux poulains … mon compagnon avait bien compris qu'il allait du temps pour « faire » un cheval, en acheter un seul lui paraissait trop risqué. Bref, avec 3 chevaux à charge, le montant des pensions à payer a vite montré qu'il fallait mieux acheter une maison et avoir des installations. Nous nous sommes donc lancés dans ce projet mais acquérir un bien en Belgique était tout simplement financièrement impossible … Nous avons trouvé des installations de 8 hectares avec un manège et 30 boxes, bien au dessus de notre budget. Après de très longues négociations et des demandes de prêts à toutes les banques pendant 8 mois ... nous avons finalement eu notre crédit. Nous sommes ainsi installés dans le Nord depuis 2018.


Après ce parcours, vous dérouliez donc en 2020 votre premier Grand Prix. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Le jour de ce premier Grand Prix à Mâcon c'est un peu comme si j'avais gagné à mon propre jeu. Je m'amuse désormais beaucoup et je trouve maintenant les autres reprises moins intéressantes (rires), c'est en tous cas, la seule reprise que j'avais envie de dérouler, celle qui me faisait rêver, celle pour laquelle j'ai travaillé et baroudé toutes ces années pour me former et apprendre à monter. Je suis d'autant plus contente, que je sais, je sens, Fidji prendre plaisir à le faire avec moi, nous nous amusons ensemble et ça, ça n'a pas de prix. Il m’épate par sa générosité : à chaque fois que je pense avoir atteint sa limite, il la repousse.

Quels sont vos ambitions avec lui en 2021 ?

J'espère gagner en expression et gagner quelques points. J'aimerais me rapprocher des 65 %, mais c'est évidemment lui qui me le dira. Je sais qu'il est limité, ce qu'il me donne est déjà beaucoup.

Outre Fidji, quels sont vos autres chevaux ?

Je me suis construit un important piquet de chevaux de relève. J'ai 20 chevaux à la maison et 13 m'appartiennent. C'est beaucoup et parfois lourd à porter mais je voulais vraiment me constituer une piquet pour développer une carrière sportive après Fidji qui n'est clairement pas un cheval pour envisager le haut niveau mais plutôt une excellente monture pour me former sur le Grand Prix. J'ai donc aussi Sweet Seduction VH Lindenhof : il est prêt pour commencer les reprises Pro 1 mais nous allons débuter les Pro 3 car il est inquiet en piste. Il a besoin de prendre de la maturité. Il a tous les mouvements du Grand Prix mais j'espère qu'il le débutera en 2022. J'ai aussi So Fine VH Lidenhof : il est plus difficile à dresser avec plus de caractère. Comme Sweet, c'est un entier et lui aussi sortira cette année sur les Pro 3 : il a beaucoup de facilités au piaffer mais le reste est encore à travailler. J'ai aussi un 4 ans qui a besoin de sortir de chez lui et que je pense emmener à Jardy pour lui montrer du terrain.

Sont-ils à vendre ?


Je dois apprendre à ce que mes chevaux soient potentiellement à vendre, car c'est aussi mon métier, mais je dois trouver le juste équilibre entre poursuivre ma carrière sportive et assumer mes charges financières comme le crédit de la structure. Ma carrière sportive a aussi un prix, une valeur, car c'est elle qui, demain, amènera indirectement des chevaux au travail, des élèves, des investisseurs. Dans mon esprit, les chevaux qui arriveront après ces 3 là seront plus facilement destinés au commerce.


La compétition internationale est-elle aussi un objectif ?

J'en rêve matin, midi et soir, donc oui, j'en ai terriblement envie, j'espère l'atteindre le plus rapidement possible avec mes chevaux de relève. Je ne sais pas ce qu'ils prendront comme points, j'espère juste qu'ils auront les moyens d'atteindre les 70 %, ce qui serait déjà un bel objectif à se fixer. Quoi qu'il en soit, si j'ai la chance de concourir un jour en international, ce sera pour le faire bien et après la répétition de bonnes performances en France. Je ne veux pas brûler les étapes, une chose après l'autre …

La jeunesse de votre carrière sur le Grand Prix vous permet-elle d'être accompagnée, d'avoir des partenaires ?

Oui, tout à fait. Jean, mon compagnon est mon premier partenaire : il est d'un soutien quotidien et incroyable. Il m'aide à choisir mes chevaux et s'investit à mes côtés. Bien qu'il commence tout juste à monter, il a un vrai coup d’œil quand il s'agit de déceler le potentiel d'un poulain. Il partage les grandes galères et les petites joies (rires). Je suis aussi accompagnée de professionnels et d'entreprises comme : Vincianne Wittamer (saddle fitter), Celine abit fitter, Jeremy Rudge Saddlery, les aliments Topspec, Romain Constant (veterinaire et acupuncteur), Laurie Renotte (massage equin),MG’S pictures

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