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Nicole Favereau : était-ce vraiment mieux « avant » ?


Cavalière internationale, membre de l'équipe de France, enseignante, triple vainqueur du Grand National de la FFE, mais aussi créatrice d'E-Riding Solutions, le concept qui permet aux cavaliers de trouver une méthode d'entraînement à domicile leur permettant d'optimiser leurs performances grâce à de simples échanges vidéos, Nicole Favereau s'est interrogée au lendemain des Jeux Olympiques de Tokyo et de certains débats qu'ils occasionnaient : était-ce vraiment mieux « avant »?


Comme dit la chanson : "je vous parle d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître " ; l’équitation, "en ce temps là" se pratiquait dans les clubs hippiques et les SHN : les Sociétés Hippiques Nationales aujourd’hui disparues.


" A l'époque " pour aller " faire du cheval " nous revêtions d’abord notre " pantalon à oreilles " qui a depuis laissé son nom à une singularité disgracieuse essentiellement féminine : la culotte de cheval. Pour se protéger des chutes régulières ... nous nous parions de la fameuse bombe en velours noir et de son élastique que l’on passait sous le menton.... Une paire de bottes en caoutchouc et nous voilà prêts à monter sur des chevaux souvent bien frais, à nous faire enguirlander par un moniteur qui officiait depuis le milieu du manège, à être souvent traités d’incapables plutôt destinés à une carrière dans le tricot… Je ne vous parle même pas des selles sur lesquelles on se tannait l'arrière train ... De fait, nous n'étions pas toujours très nombreux dans les reprises : les moins motivés d’entre nous quittaient le navire assez rapidement s’ils n’avaient pas le cheval dans la peau…


Je me souviens avoir passé mes degrés (les anciens galops), jugée par un militaire de carrière qui nous terrorisait à la première bafouille lorsque l’énumération des différentes tares molles et de leurs localisations nous étaient demandées.


Pour la qualité des chevaux d’instruction, là, rien à redire : les chevaux étaient bien dressés et adaptés, ce qui permettait de progresser malgré quelques vexations …


Si les centres équestres étaient plutôt bien agencés, les chevaux d’instruction étaient souvent logés en stalles, attachés tête au mur par une chaîne et un billot de bois qui leur permettaient certes de se coucher mais ne favorisaient pas franchement le mouvement. Seuls les chevaux de propriétaires bénéficiaient d’un box et nous les regardions avec envie, les considérant comme des champions.


Le diplôme de monitrice en poche, j’ai finalement réussi à acheter mon premier cheval : un pur sang réformé des courses. Le ciel s’est ouvert pour moi et j’ai découvert les joies et les emmerd…liés à la propriété. Une chance tout de même, mon contrat de travail monitrice me permettait d'avoir une pension gratuite et de voir mon cheval la tête dehors…


J’étais enfin prête à sortir en concours, force est de constater, je n’étais pas au bout de mes peines… Il y avait d’abord les démarches administratives auprès des Haras Nationaux et de la Fédération des sports équestres : un vrai parcours du combattant comparé à la facilité offerte aujourd’hui par internet et l’ergonomie des sites fédéraux et de l’IFCE. Pour engager en concours, il fallait d’abord être abonné au B.O (le fameux bulletin officiel) de couleur verte où figurait la liste des concours à venir. Pour s'engager, nous avions à notre disposition des formulaires de couleurs différentes selon la discipline que nous devions remplir scrupuleusement, sans omettre quoi que ce soit, sous peine d’être rejetés. Le formulaire devait ensuite être envoyé par la Poste ou déposé directement aux locaux parisiens de la Fédération le mardi, dernier délai, de la semaine précédent le concours soit près de 10 jours avant ! Je vous laisse imaginer l’organisation... Pas moyen de rattraper un engagement, de déclarer forfait, de changer de cheval ou d’épreuve… Le concours terminé, nous recevions le BO des résultats, bleu celui-ci : le seul moyen de connaître les performances d’un cheval. Pour obtenir un passeport international, il fallait s’armer de patience et attendre un bon mois alors qu’il faut tout au plus une semaine aujourd’hui.


Petit à petit, nous avons vu fleurir de nouveaux établissements équestres où les conditions d’hébergement des chevaux sont devenues plus agréables et où la qualité des sols de travail s’est grandement améliorée. Les écuries se sont également spécialisées et chaque propriétaire peut désormais choisir une écurie de dressage dans laquelle il pourra faire dresser son cheval et s’entraîner avec un coach compétent dans une structure adaptée.


Du coté de l’élevage, nul ne peut contester là aussi que les choses ont beaucoup changé : la qualité des chevaux que nous montons s'est beaucoup améliorée comparée aux compagnons de nos anciens ; un changement qui se remarque sur les rectangles. Il suffit pour ça de comparer les reprises de la Championne Olympique en titre à Tokyo cette année, avec celle du Champion Olympique de Tokyo 1964 (voir ICI) . Si les cavaliers actuels n’ont pas réinventé le dressage, la discipline s'exprime de manière plus harmonieuse, notamment ces quelques dernières années, grâce au talent des chevaux et des entraîneurs qui ont permis de faire évoluer celui des cavaliers.


Les soins aux chevaux ont aussi beaucoup progressé : les chevaux bénéficient maintenant d’un suivi hors pair … ostéopathe, dentiste, maréchal ferrant, orthopédiste, centres de balnéothérapie, machines de massages, guêtres vibrantes et refroidissantes, nutritionniste, sans parler des progrès de la médecine vétérinaire, des progrès de la sellerie, du harnachement, des embouchures et j’en oublie ; bref c'est toute une filière qui s'est créée au service du confort du cheval et du cavalier.


Si certains regrettent encore le bon vieux temps où l’enseignant aboyait des ordres dans le manège, faisait déchausser les étriers pour faire du "radada" en extérieur ou sauter des cavalettis assis à l’envers sur la selle pour tester notre solidité et notre courage, personnellement, je n’ai jamais regretté cette époque. Lorsque j’ai enfin pu enseigner l’équitation puis le dressage en particulier, je me suis attachée à mettre mes cavaliers en confiance et surtout à leur inculquer qu’une vraie relation avec leur cheval doit être basée sur la compréhension des différents mécanismes physiques et psychologiques : il est en effet plus facile d’obtenir si on comprend pourquoi et comment les choses doivent être faites ; un constat qui n'empêche pas d’être en bonne forme physique et avoir un rapport taille/poids harmonieux.


L’utilisation de la vidéo et notamment pour les cours, non pas par correspondance mais par l'utilisation de l'internet, a aussi fait évoluer les pratiques. Les applications dédiées à cette alternative au cours in situ se font aujourd'hui une place dans le paysage équestre et permettent à beaucoup de continuer à se former sans se déplacer ; une solution qui s'est avérée bien utile pendant les épisodes de confinement que nous avons traversés.


Définitivement non, je ne crois pas que c’était "mieux avant" ...


Plus d'infos sur E-Riding Solutions ICI


crédit photo : DR


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