Jean-Philippe Siat : mon système produit des chevaux de Grand Prix et leur formation me passionne

Auteurs d'une des 8 victoires françaises enregistrées cette saison sur le Grand Tour en CDI, Jean-Philippe Siat et Lovesong concluaient l'année avec une 3 ème place sur la Finale du Grand National du Mans. Déjà membre de l'équipe de France lors de la Coupe des Nations de Geesteren en 2019, le couple d'essonniens montrait en 2021 une régularité croissante qui lui permettait même d'endosser le rôle de réserviste de JO de Tokyo ; une trajectoire et une expérience qui pourraient, eux aussi, les amener l'été prochain jusqu'aux Championnats de Monde de Herning.

Vous étiez cette année réserviste de l'équipe de France pour les JO de Tokyo et participiez au dernier regroupement en Normandie. Que retenez-vous de cette expérience ?

Ce fut d’abord et avant tout une joie immense et un grand honneur d’avoir reçu la confiance de la Fédération et de son staff. Ce fut une expérience très enrichissante, un moment différent pour nous retrouver tous ensemble, cavaliers, accompagnateurs et staff, dans le cadre absolument magnifique du haras de la Forge. Emmanèle Perron-Pette nous avait réservé un accueil royal ! Ce fut aussi l’occasion de pouvoir passer une semaine sous l’œil de Jan Bemelmans et de continuer à chercher les pistes d’amélioration de nos performances.

Lovesong semble avoir gagné en régularité cette saison avec des performances notables sur le CDI de Madrid. A quoi l'attribuez-vous ? En quoi Jan Bemelmans vous a-t-il aidé ?

Comme je l’ai souvent dit, nous travaillons ensemble avec Jan depuis 10 ans. Par le passé j’y allais quelques jours par mois, en plus des stages fédéraux. Depuis le 1er confinement de 2020, j’ai la chance que la Fédération m’ait mis à disposition un Equivisio et la possibilité de travailler avec lui deux fois par semaine. Ceci nous a énormément apporté. Cette régularité a permis d’aller chercher dans le plus profond des bases qui nous manquaient, de mettre en place des stratégies pour gagner en qualité dans les exercices, mais aussi en régularité dans les performances. Comme toujours avec Lovesong, ça n’a pas été facile. Ce que nous gagnions d’un côté, nous le perdions de l’autre. Aujourd’hui je pense qu’elle a gagné en maturité sur les reprises, et donc en sérénité. La persévérance dont nous avons tous fait preuve, Jan, moi, la propriétaire Marie-Christine Pointier, la Fédération et la DTN, Emmanuelle Schramm-Rossi et Sophie Dubourg, a démontré l’intérêt de tenir une ligne de conduite sur le long terme. J’espère pouvoir continuer à fonctionner selon le même système pour encore longtemps, pour préserver cette régularité et améliorer encore notre niveau de performance.

Quels sont selon vous les points qui méritent encore d'être travaillés pour gagner de précieux points ?

Je pense qu’il y a deux points que nous pouvons améliorer à relativement court terme :

- le travail passage-piaffer où nous pouvons montrer beaucoup plus, comme nous le faisons à l’entraînement. Le choix que nous avons fait depuis un an et demi avec Jan était de permettre à la jument de gagner en confiance, sans aller la chercher au-delà de ce qu’elle voulait donner. Je sens aujourd’hui au cours des différentes reprises que nous avons enchaînées qu’elle se relâche et semble prête pour me donner plus. Nous irons progressivement, je veux que cela vienne d’elle.

- le travail sur les lignes de changements de pied. Là; le soucis vient plus de moi, j’ai tendance à les faire trop petits, trop prudents. Je suis en train de régler ça, déjà nous avons constaté depuis quelques concours que je ne faisais plus de fautes comme par le passé.

Pour le reste nous allons continuer comme nous le faisons déjà, l’analyse des protocoles des différentes dernières reprises depuis le mois de septembre montre que le début du Grand Prix tourne systématiquement entre 72 et 74%.

Sur quels autres chevaux pouvez-vous compter pour poursuivre votre carrière sportive ?

J’ai aujourd’hui un très bon cheval de 7 ans qui m’est confié, qui prend huit ans l’année 2022. Il suit très bien sa progression vers le Grand Prix, je le sortirai quand je le penserai prêt. Je suis également à la recherche de nouveaux propriétaires partenaires pour l’achat de jeunes chevaux, pour préparer la relève à moyen terme et développer mon piquet de chevaux pour le haut niveau. Mon système produit des chevaux de Grand Prix et leur formation me passionne.

Comment envisagez-vous 2022 ? Quel planning imaginez-vous dans la perspective des Championnats du Monde de Herning ?

L’année 2022 va principalement s’orienter vers les CDI 3 et 4*, je devrais partir à Bâle mi-janvier (ndlr : plus d'infos ICI). La construction de notre planning de concours va faire en sorte que la jument soit en top forme pour le début août. Même si notre programme est déjà établi, c’est son état de forme qui sera déterminant dans le choix des concours. Si nos performances nous le permettent, nous serons ravis de faire partie du voyage pour les Championnats du Monde. L’objectif principal est de prendre du plaisir sur de beaux concours.

Serez-vous au nouveau au départ du Grand National ?

Comme toujours, nous serons au départ du Grand national cette année, dont les épreuves nous serviront de répétitions avant de plus grosses échéances. Ce circuit de compétition nous offre la chance d’avoir de beaux concours, bien dotés, et la compétition en équipe est toujours très stimulante.

crédit photo : Rose Harang