Isabelle Pinto : il faut garder la tête froide quand une échéance approche
Dans la famille Pinto, je voudrais … la mère ! Toujours aux côtés de son mari Carlos, régulièrement membre de l'équipe portugaise, et de sa fille Mado, Isabelle Pinto fait aujourd'hui partie avec Hot Chocolate vd Kwaplas de la Gesse des 7 couples pressentis pour les JO de Tokyo. Loin de son Alsace où naissait sa passion de l'équitation, Isabelle Pinto se trouve désormais aussi discrètement que modestement au milieu des grands.
Vous êtes aujourd'hui membre de la liste FFE JOP 2021 avec Hot Chocolate vd Kwaplas de la Gesse. Quels sont selon vous les points forts de ce cheval ?
Pour moi, Hot Chocolate vd Kwaplas de la Gesse a beaucoup de points forts et peu de points faibles : il n'a pas d'impasse. Il peut obtenir la note de 7, au moins, à chaque mouvement : son passage est très expressif, c'est donc un exercice dans lequel nous obtenons souvent de bonnes notes, comme au piaffer, quand il ne s'ouvre pas et qu'il reste bien actif et sur place. Il y a encore un an et demi, il était moins rassemblé mais nous obtenions de meilleures notes dans les appuyers au trot car il allait plus facilement dans le latéral. Nous les avons donc travaillés ces 3 derniers mois pour qu'il soit rassemblé tout en continuant à aller de côté. Nous nous sommes aussi concentrés sur le trot allongé où il peut avoir tendance à perdre son équilibre. Aujourd'hui le passage reste le mouvement où je peux espérer obtenir des 8. C'est un cheval qu'il faut monter en étant parfaitement concentré car il peut lui arriver de faire de petites fautes de postérieurs dans les lignes de changement de pied. Nous sommes en train de régler tous ces problèmes.
Comme vous projetez vous dans cette saison ?
Les Jeux Olympiques de Tokyo sont évidemment un objectif : quand on a la chance de peut-être pouvoir y aller, ça devient une priorité. Mon but est de progresser afin que le cheval continue de se stabiliser, que nous poursuivions nos reprises sans fautes et que nous gagnions encore des points ici et là les. Je pense que nous avons notre place aux Jeux. Nous sommes 7 dans le Groupe JOP Tokyo 2021, la sélection sera serrée.
Que vous apporte l'expérience des grands Championnats de votre mari Carlos ?
Grâce à lui, à son parcours, à sa connaissance du haut niveau, je sais qu'il faut travailler, ne rien changer. Nous avons mis un programme en place, nous sommes entourés de professionnels : maréchaux, vétérinaires etc. … Nous travaillons pour être flexibles et capables de s'adapter pour aller en concours dès que cela sera possible. Il faut garder la tête froide quand une échéance approche.
Comment l'enfant du centre équestre de Truchtersheim vit-elle cette mise en lumière ?
Je suis très contente d'être aujourd'hui cavalière de haut niveau, mais quand mon mari ou ma fille performent en concours, c’est aussi une satisfaction personnelle car nous travaillons tous ensemble. Je me suis longtemps demandée si j'étais légitime à haut niveau, si c'était ma place mais j'ai travaillé dur et j’ai prouvé que j’y suis à ma place. C’est un rêve qui se réalise. J'ai eu une éducation où on m'a appris qu'il ne fallait jamais se venter ou se mettre en avant. Je suis cependant heureuse du chemin parcouru depuis mes débuts en Alsace.
Outre Carlos, êtes-vous accompagnée techniquement par un autre intervenant ?
Lors du dernier regroupement fédéral, en plus de Jan Bemelmans, la juge 5* étoiles Ulrike Nivelle était présente, nous avons donc pu dérouler et échanger avec elle sur quelques points techniques. La FFE a également mis en place un suivi de la santé des chevaux. C'est une aide qui est très précieuse. Emmanuelle Schramm Rossi est également très disponible si on a une question, ce qui est très agréable.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les deux chevaux que vous présentiez au regroupement de détection des chevaux à potentiel Paris 2024 ?
J'ai présenté Scotch de Gesse (ndrl : Sandro Hit*Hohenstein). C'est un cheval de 8 ans qui devrait débuter en concours à la fin de la saison : nous sommes en train de caler les mouvements du Grand Prix. Il a encore besoin d'être davantage connecté mais c'est un vrai cheval d'avenir. Mado présentait quant à elle Joolz de la Gesse (ndlr : Florencio*Jazz, dont la grand-mère maternelle produisait aussi Glock's Tango, 6 ème de la Finale Coupe du Monde de S'Hertogenbosch en 2012 avec Hans Peter Minderhoud et Bonzanjo, l'ex-cheval de Grand Prix de Diederik van Silfhout). C'est un cheval de 7 ans. Il est assez avancé et mon mari devrait le débuter sur le prochain CDI du Mans dans les épreuves 7 ans. Mado le récupérera d'ici un an ou deux.
Comment travaillez-vous avec le Haras de la Gesse ?
Nous avons environ 15 chevaux du Haras de la Gesse. En général, ils arrivent vers 3 ou 4 ans. Normalement, je les monte jusqu'à 6 ans et ensuite nous nous les répartissons en fonction des affinités. Nous avons une relation de confiance avec le Haras de la Gesse qui dure depuis bientôt 10 ans. Madame Burgess est une femme exceptionnelle, passionnée de chevaux et d'élevage. Nous travaillons main dans la main pour la meilleure gestion de la carrière des chevaux. Nous partageons la même vision d’avenir. C'est très agréable d'avoir cette sérénité, sans pression et d'aller dans la même direction.
crédit photo : Astrid Ringot