Gérald Martinez : je mets toutes les chances du côté de Danciano pour qu’il puisse aller aux JO
La nouvelle tombait hier (voir ICI) : le Haras de Malleret décidait de confier son étalon vedette Danciano à l'allemande Dorothee Schneider ; une collaboration avec un objectif clair et annoncé : les JO de Paris 2024. Résolument tourné vers le sport de haut niveau, Gérald Martinez fait le point avec Dressprod : ses ambitions olympiques, sa manière de sélectionner les cavaliers à qui il confie ses chevaux, les possibles nouvelles collaborations avec Laura Graves ou Helen Langehanenberg, la présence de Malleret à la Grande Semaine 2020, c'est par ici :
Depuis quelques mois, vous collaborez avec plusieurs cavalières de Grand Prix : Jessica Michel Botton, Morgan Barbançon, Jessica von Bredow Werndl, Dorothee Schneider. Pour quelles raisons les avoir choisies ?
Mes raisons comportent plusieurs éléments qui sont pour moi indispensables. J’ai besoin de partager la même philosophie, les mêmes valeurs et d’avoir une confiance aveugle en elles, mes chevaux n’étant plus dans les structures de Malleret, je dois au quotidien être serein ! Ensuite, bien entendu, il y a leur façon de monter, et ça représente énormément de détails mais aussi des bases comme : l’environnement, le confort aussi simple soit-il, je dis « confort » comme de pouvoir aller un maximum dans le sens le plus naturel possible du cheval, être quotidiennement lâché au paddock, qu’il puisse tout simplement faire pour ce qu’il aime, brouter de l’herbe ! Avoir de l’attention et ne pas être un numéro, sans pour autant être trop ennuyé [...] par l’humain, ne pas être non plus étouffant pour l’animal. Le programme de travail de chaque semaine doit être construit avec beaucoup de finesse et s’adapter à chaque cheval, tant au niveau psychologique que mécanique ! Déjà tout ceci est très complexe. Monter sur le cheval juste pour le mettre dans l’effort et l’attitude de concours représente seulement un tout petit pourcentage du travail mensuel, les bases, travailler les encolures longues en bas, à mi hauteur, stretching, gymnastique, que les chevaux prennent plaisir à être montés et non être stressés à la vue de leur cavalier, il y a un sérieux rapport évidemment mais qu’ils prennent tout ça aussi comme un jeu et avoir beaucoup de flatteries pour les encourager : c’est le ciment afin d’avoir des fondations extrêmement solides pour créer une osmose, s’en faire des partenaires et non des adversaires ! Ces cavalières sont très expérimentées, elles montent avec beaucoup de ressentis et de finesse, tous les chevaux du haras sont jeunes et ont besoin de personnes comme elles afin de faire du mieux possible pour les accompagner vers le plus haut niveau sans se mettre en travers de leurs qualités.
Comme sélectionnez-vous tel cheval pour telle cavalière ?
Je connais chacun de mes chevaux depuis leur naissance ou à partir de 2 ans pour les autres, je suis leur évolution pas à pas. Ensuite, j’ai bien entendu regardé depuis longtemps la façon de monter et de travailler de chacune d’entre elles en compétitions ou chez elles. En général je me projette très vite en imaginant le couple, c’est aussi arrivé que Morgan ou Jessica von Bredow viennent essayer une sélection de plusieurs chevaux afin de confirmer leurs sentiments. Ce sont des moments assez excitants et de concentration pour tout le monde afin de mettre toutes les chances de côté et éviter de créer un couple qui ne s’accorderait pas parfaitement.
Envisagez vous de développer encore ces collaborations ? De nouvelles sont-elles en réflexion ou en préparation ?
Nous sommes en relation depuis environ une année avec Laura Graves ainsi que Helen Langehanenberg. J’ai pu les voir en compétitions mais il me manque l’étape du quotidien. A suivre... Je suis très content aussi de la collaboration avec Pauline Guillem qui s’entend à merveille avec les 2 chevaux, ainsi qu'avec Alexandre Cheret qui va aussi à merveille avec l’étalon Stolzenberg ! J’ai beaucoup de demandes et je ne peux me permettre malheureusement de confier des chevaux à tout le monde. Je dois forcément louper des personnes avec du talent et de formidables philosophies. Ce qui n’est aussi pas évident c'est que dans les trois quarts des collaborations, ces chevaux sont en général destinés à être vendus et non à être confiés pour de longues années. Je voudrais tous les garder mais j’ai aussi une boutique à faire tourner !
A 4 ans des JO de Paris, et grâce à ces collaborations, le Haras de Malleret met toutes les chances de son côté d'être représenté sur l’événement. Quelles sont vos ambitions sportives pour ce rendez-vous olympique ?
Je serais bien entendu extrêmement fier d’avoir l’un de mes chevaux sur cet événement sportif, ce serait une grande satisfaction aussi pour tous mes collaborateurs qui travaillent au quotidien dans l’élevage à tous les niveaux et qui croient en Malleret pour la qualité des chevaux : qu’ils aient accès au plus haut niveau, nous serions tous émus !!
Au moment où je réponds à vos questions, nous sommes en route à 5h du matin avec à bord du camion mon étalon Danciano. Ça a été une décision extrêmement difficile pour moi de confier Danciano ! J’aurais pu rêver de vouloir me préparer avec lui pour cette trajectoire mais je me suis aperçu que je n’arrivais pas à tout faire, la gestion du haras me prend beaucoup de temps et je m’en voudrais de bâcler cette gestion pendant que je me ferais plaisir en compétitions. On ne peut être partout à la fois et faire un travail le plus droit possible. Alors oui, je mets toutes les chances du côté de Danciano pour qu’il puisse aller aux Jeux Olympiques de Paris ! Ce serait formidable ! Et bien entendu il aura plus de chance d’y aller avec Dorothée ? :) Ce serait aussi une façon de confirmer que ce n’est pas seulement un étalon qui transmet sa génétique mais aussi qu’il peut exceller au plus haut niveau. Même si Danciano reste à ce jour la colonne vertébrale du haras, nous avons la chance d’avoir d’autres cartouches pour le plus haut niveau. Bien sûr dans mes rêves j’aimerais en avoir déjà un pour y participer mais si j’en ai plusieurs ce serait incroyable, c’est toujours la même histoire, il faut que tous les ingrédients soient réunis ! Même si l’un de mes chevaux ou plusieurs risques d’être vendus avant les Jeux de Paris, nous serions tous aussi fiers de les voir sur cet événement !
Au regard du contexte sanitaire et de la suppression des concours permettant, en temps normal, de préparer les poulains et jeunes chevaux, le Haras de Malleret envisage-t-il de participer comme les années passées à l'édition 2020 de la Grande Semaine ?
Il est vrai que nous risquons d’avoir peu de sorties pour préparer les jeunes chevaux à l’activité en dehors de leur maison, [...] nous essayons toujours de faire le moins de compétitions possible, nous espaçons un maximum les compétitions pour que les chevaux puissent très bien récupérer : en moyenne un jeune cheval fait 3 à 4 compétitions entre mars et août, ce qui est très relax. En raison du retard dû au Covid, nous allons probablement devoir resserrer cette respiration entre les échéances, mais la priorité reste le respect et le confort des chevaux, et non la course à tout prix pour la sélection des Championnats. Malleret aura été assez actif depuis 2018 à Saumur car nous avions seulement des jeunes chevaux à sortir, mais encore une fois ils venaient en compétitions seulement si tous les éléments étaient réunis. J’hésite beaucoup à revenir avec les poulinières et leurs foals, je pense je préfère les laisser tranquilles à la maison. Nous essaierons d’être présents probablement avec des chevaux à partir de 2 ans ?!
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