Fleur Maugars : reproduire dans le Selle Français, c'est un plus
L'été à peine achevé, chaque année c'est un rituel auquel bon nombre d'éleveurs se plient de bon gré : après deux éditions à Fontainebleau, la Grande Semaine de l'élevage retrouve son site historique de Saumur pour la grande messe de la discipline ; un rendez-vous qui réunit petits et grands avec la même passion, le même frisson, la même ambition.
Bien loin des prairies du Grand Ouest où naissent souvent poulains et pouliches destinés aux carrés, dans les Hauts de France, près de Reims et non loin du Chemin des Dames, aussi le départ approche. A 1h de la frontière belge, la routine des préparatifs bat donc son plein à l'élevage de Fascyne, de quoi occuper, entre deux leçons données aux élèves de leur écurie, les journées déjà bien remplies de Fleur Maugars et Samuel Henry. L'éleveuse indique d'ailleurs « pour moi, la Grande Semaine c'est la grande fête du dressage. C'est important d'y participer, même comme spectateur, pour : échanger et rencontrer des gens qu'on ne connaît parfois que sur les réseaux sociaux, découvrir le travail et la vision des autres éleveurs, analyser les produits de tel ou tel étalon, comprendre ce que le père et/ou la mère ont transmis chez les produits plus ou moins jeunes qu'on voit, favoriser notre réflexion sur nos croisements à venir, construire un réseau avec les professionnels comme les cavaliers ».
"pour moi, la Grande Semaine c'est la grande fête du dressage. C'est important d'y participer"
Si les deux éleveurs ne présenteront cette année aucun produit de leur affixe né, entre autres, d'un hommage à une grand-mère grâce à qui le rêve d'élevage pouvait être initié, mais uniquement Sunschein Jung (Fahrenheit*Sandro Hit) dans les Cycles libres 3eme année 6 ans - jument Oldenbourg issue du même élevage que Maximus HP du Winckel, déjà labellisée pour reproduire en Selle Français et labellisée France Dressage, vice-Championne de France du Critérium Cycle Libre 1 ère année 4 ans puis 6 eme du Cycle Libre 5 ans l'an dernier – et Fendi des Blancs (Fürst Romancier* Wolkenstein II) – future poulinière également doublement labellisée et actuellement sur le niveau Pro 3 après avoir fait les 4 et 5 ans et la Finale du Cycle libre 3 ème année 6 ans - c'est riches de l'expérience d'une année décisive qu'ils abordent le rendez-vous saumurois. Né en 2018, le premier produit de l'élevage de Fascyne, Infinity, prenait il y a quelques semaines la 6 ème place du Championnat belge des 4 ans sous la selle de Nils Debo à qui le confiait son propriétaire, le cavalier international belge de Grand Prix Vincent Maréchal. Issu d'un croisement par Don Martillo (Don Juan de Hus*Benetton Dream FRH), Champion du Monde des 5 ans en 2017 avec Ann-Christin Wienkamp, Infinity de Fascyne était préalablement 6 ème du Championnat de France des foals et décrochait deux primes espoir cette année à 81.2% et 83.4% avec son éleveuse : « nous avons vécu un moment très fort sur le Championnat belge d'autant qu'Infinity a obtenu la note de 9 au trot, la meilleure de sa génération » ; un résultat qui était aussi le fruit et une forme d'aboutissement de leur rencontre, il y a quelques années déjà, avec Valérie Charpentier de l'élevage des Blancs : « nous lui avons d'abord acheté des jeunes chevaux que nous avons valorisés, vendus ou gardés. Petit à petit nous nous sommes passionnés pour le travail d'élevage et de croisement. Elle nous a donc transmis ses connaissances et nous lui avons acheté Shakira des Blancs avec laquelle nous avons commencé l'élevage ». Outre Infinity, la fille de Sir Donnerhall et Rohdiamant est aussi la mère de Jolie Vita de Fascyne (Vitalis), vice-Championne des foals 2019 et 4 ème des 2 ans l'année dernière, et Fiordiligi des Blancs (Furstenball), la seconde poulinière de l'élevage devenue la génitrice de Kween Toto de Fascyne et Lindy Hop de Fascyne en 2020 et 2021, toutes les deux issues de Glock's Toto Jr. Chaque année, ce sont ainsi deux à trois poulains qui voient le jour à Sainte-Croix : « nous ne souhaitons pas aller au delà ni nous lancer dans du transfert d'embryons, pour conserver notre caractère familial et garder la possibilité de consacrer à chaque poulain du temps pour son éducation. Nous produisons des poulains comme si nous allions tous les garder pour nous c'est pour ça que chez nous tout le monde vit dehors toute l'année, pour que les poulains marchent pendant leurs croissances et forgent leurs immunités. Quand nous les vendons, nous cherchons donc quelqu'un qui va prendre le relais, qui va vouloir continuer l'histoire » ; une commercialisation qui n'est cependant pas l'aspect le plus facile du métier d'éleveur « on voit encore beaucoup de gens qui privilégient d'acheter à l'étranger où il a effectivement la possibilité d'en voir beaucoup plus. Cependant, par expérience, sur le nombre, la qualité n'est pas forcément meilleure, ni le prix plus intéressant d'autant qu'avec la barrière de la langue il n'est pas toujours possible de savoir quel a été le suivi du poulain, sa nutrition, la gestion de ses pieds etc …. »
"Quand nous les vendons, nous cherchons donc quelqu'un qui va prendre le relais, qui va vouloir continuer l'histoire "
Avec une génétique de ses reproductrices plutôt germanique, l'élevage de Fascyne privilégie souvent des étalons aux origines KWPN dont les résultats sont significatifs dans le sport de haut niveau : « le hollandais apporte du sang, un geste des genoux, une activité des postérieurs qu'on ne trouve pas toujours chez les allemands. C'est un mélange intéressant d'autant que nos juments n'ont pas seulement été sélectionnées sur leurs locomotions mais aussi pour leurs qualités mentales. A part Infinity pour lequel nous avions fait le choix d'un jeune étalon, nous préférons choisir des chevaux confirmés au minimum sur les épreuves 7 ans, pour avoir du recul sur leurs tempéraments et leurs capacités à travailler sur des exercices avancés. Si nous pouvons, nous sélectionnons aussi des étalons qui sortent en compétitions internationales et qui subissent donc régulièrement des visites vétérinaires, des contrôles antidopage. Nous ne voulons pas nous limiter à ce qu'on peut voir en shows d'étalons où il y a parfois un monde entre la présentation sur place et le montage vidéo réalisé ensuite » ; un choix qui s'illustrait avec d'autres naissances : celle de Lacy Glam de Fascyne née en 2021 d'un certain … Glamourdale (Lord Leatherdale*Negro) : « celle-ci nous avons finalement décidé de ne pas la vendre et de la garder, comme Mona Lisa de Fascyne️, elle aussi par Glamourdale, qu'a produite cette année Fiordiligi » précise en rigolant l'axonaise originaire de Royan, ou Mangareva de Fascyne, réservée par deux cavaliers de Grand Prix qui l'ont achetée en copropriété, née quant à elle de l'exceptionnel Jameson RS2 (Blue Hors Zack*Negro) dont Fleur Maugars participait à la labellisation Selle Français. « Je ne suis pas spécialement chauvine, mais il faut avouer que lorsque nous avons la possibilité de trouver et choisir des étalons qui reproduisent dans le Selle Français, c'est un plus car, non seulement ça fait progresser l'élevage français, mais ça peut aussi permettre de voir un jour un de nos produits sélectionnés pour les Championnats du Monde sous nos couleurs » explique-t-elle, avant d'ajouter « depuis quelques années, les juges étrangers qui viennent à la Grande Semaine, ne cachent pas leur agréable surprise face à la qualité des poulains qu'ils évaluent, y compris ceux des petits éleveurs, il n'y a donc pas de raison d'être complexés ou de vouloir faire naître dans un studbook étranger ».
Fleur Maugars et Samuel Henry poursuivront donc cette année à Saumur la construction symbolique de leur fasci/yne - l'assemblage de brindilles - dans les allées du Bois de Terrefort.
crédits photos : Les Garennes/Coll privée/DR
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