Charlotte Chalvignac Vesin : participer à une échéance mondiale est toujours la cerise sur le gâteau
Après 6 mois loin des carrés, Elice, la jument lusitanienne de Charlotte Chalvignac Vesin retrouvait la compétition sur le Grand National de Vierzon, support du Master Pro ; un retour en forme puisque l'alezane prenait la seconde place du Grand Prix à 71,152 %, ex-æquo avec Corentin Pottier et Gotilas du Feuillard sacrés Champions de France le lendemain, et un résultat qui les replace parmi les couples potentiellement en lice pour les Championnats d'Europe de Hagen. Quelques jours avant son prochain CDI, Dressprod fait le point avec Charlotte Chalvignac Vesin :
Elice revenait à la compétition le week-end dernier après plusieurs mois loin des carrés. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce retrait ?
A vrai dire il y a plusieurs raisons. En début de la saison, j’avais mis l’accent sur les jeunes chevaux. Comme j’emmène 5 chevaux maximum par concours, j’essaie de ne pas en avoir trop sur Grand Prix. J’ai aussi débuté Icaro à ce niveau de compétition et je voulais me concentrer le plus possible sur lui pour ses premières reprises. Quand les chevaux ne sont pas parfaitement calés, il n'est en effet pas toujours évident de passer de l'un à l'autre. Depuis plusieurs concours, je regrettais de ne pas l'emmener, cette fois je me suis lancée et j'ai donc présenté les deux sur la même épreuve.
Comment analysez-vous les performances d'Icaro et Elice à Vierzon ?
Elice pour moi a déroulé ses meilleures reprises, avec ses points forts habituels comme les appuyers au trot ou le piaffer. La jument a pris davantage d'aisance en piste depuis son dernier concours alors qu’elle est restée à la maison : c’était un sentiment assez particulier ! Icaro était quant à lui un peu perdu sur la piste, il n’a pas trouvé sa place sur le Grand Prix et je n’ai pas réussi à l’aider. C’est encore un très jeune cheval qui doit prendre confiance en lui et développer plus de force. Il n’a pas d’impasse, il a seulement besoin de temps.
La seconde place d'Elice dans le Grand Prix vous a-t-elle fait regretter de ne pas l'avoir choisie pour courir le Championnat ?
Non, quand je prends une décision, je ne veux pas la regretter. C’était un choix de participer avec Icaro et non avec Elice, et avec des si ... on refait le monde !
En quoi les deux chevaux sont-ils différents ?
Ils sont complètement opposés ! Elice est plutôt très calme et passive, elle est toujours égale à elle même. Il n’y a jamais de surprise. Icaro est très sensible, il ressent mes émotions, il a besoin de son cavalier et de former un vrai couple avec lui. Je crois que si c’était un homme, il serait l’homme idéal !
Les deux chevaux ont prouvé leurs capacités à dépasser les 70 % ; des performances qui pourraient les orienter vers les Championnats d'Europe. S'agit il d'un objectif ? Si oui, quelle suite de saison envisagez vous d'ici là ?
Un objectif non, mais j'ai tout même l’idée en tête. Quand on est sportif, participer à une échéance mondiale est toujours la cerise sur le gâteau. Elice sera cette semaine au départ du CDI de Deauville. Ensuite j’enchaînerai avec la sélection des Championnats du Monde des Jeunes Chevaux avec mes deux 6 ans, Parodie et Friedrich. En fonction des résultats de ces deux concours, j’orienterai mon mois d’août soit dans sens ou dans l'autre, soit je me préparerai les deux. Il est également possible que je concoure sur le CDI de Crozet. Je vais d’ici là poursuivre le mois de juillet avec le Grand National de Barbaste pour Icaro. Nous avons donc trois concours avant d'éventuellement organiser quoi que ce soit.
Vous avez toujours un piquet de chevaux très fourni. Quel est votre moteur ?
J’ai plusieurs moteurs. Déjà, je suis très compétitrice, j’adore le haut niveau, j’aime les défis, j’aime voir les chevaux évoluer ... et je n’ai qu’une peur : me retrouver à pied. Je travaille tous les jours pour avoir ce que je veux, je donne tout. Je suis capable de ne pas dormir de la nuit et de regarder par exemple ma séance du matin en vidéo, de la passer plusieurs fois au ralenti pour trouver une solution à un problème que j’ai rencontré puis d’aller seller à 5h du matin pour essayer et corriger ce qui n'allait pas ! Ce que j’adore aussi avec les chevaux c’est que JAMAIS on ne cesse d’apprendre, c’est une remise en question quotidienne, c'est chaque jour un nouveau défi ! J’essaie d’avoir un piquet de chevaux fourni, de tous les âges, du poulain de 6 mois au cheval de Grand Prix. J’aimerais ne jamais avoir de « break » sur le Grand Prix et être toujours présente. En fait, je tente de toujours préparer l'avenir. Une chose qui me tient à cœur : qu'un jour la France fasse partie des meilleures nations en dressage ! Ça c’est un réel défi et il est passionnant !
crédit photo : Les Garennes