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Raphaël Thomas : le succès à l'étranger


Ex-membre de l'équipe de France Juniors et Jeunes Cavaliers, Raphaël Thomas foulait pour la dernière fois il y a 10 ans les terrains de concours français. De ses débuts chez Christophe Saux, à ses expériences professionnelles chez Holga Finken, Hubertus Schmidt et Rudolf Zeilinger, le trentenaire est aujourd'hui un professionnel reconnu outre-Rhin, chez qui les meilleurs cavaliers n'hésitent pas à venir s'équiper. Co-fondateur des écuries THOMSON HORSES avec son épouse Jessica Lynn Thomas, cavalière du sensationnel étalon Secret, Raphaël Thomas revient pour Dressprod sur sa décennie passée en Allemagne et sur son quotidien. Rencontre.

Vous avez quitté la France pour rejoindre l'Allemagne il y a maintenant 10 ans. Quels étaient à l'époque vos objectifs et votre projet ? Aviez-vous l'ambition d'y rester ou de revenir ?

Après mon baccalauréat, j'ai décidé de faire de ma passion mon métier. Je suis donc parti à Rambouillet chez Christophe Saux pour perfectionner mon équitation mais aussi passer de cavalier amateur à cavalier professionnel. Je suis resté 4 ans chez lui : j'ai beaucoup appris, sur le plan technique bien sûr, mais aussi sur la difficulté de ce métier en France. C'est Christophe, dont je reconnais pleinement les compétences équestres, qui m’a recommandé de partir en Allemagne pour continuer à me former et prendre de l’expérience ; une démarche qu'il avait lui-même faite lorsqu'il avait à peu près mon âge. Mon projet était d'y rester une année puis de revenir en France pour poursuivre ma carrière. Ce sont finalement les opportunités professionnelles, ma vie privée, la rencontre de ma femme (suédoise) et plus récemment la naissance de mon fils, qui m’ont fait rester en Allemagne.

Quel a été votre parcours en Allemagne jusqu'à aujourd'hui ?

J'ai eu beaucoup de chance car j'ai eu l’opportunité de travailler avec les meilleurs cavaliers et entraîneurs allemands.

J'ai d'abord travaillé 2 ans chez Holga Finken où j'ai suivi la formation de cavalier professionnel allemand (NDLR : Holga Finken chez qui passaient notamment : Wie Weltmeyer, Wansuela Suerte, Fürst Heinrich, Belissimo, Riccone, Salinero, Rusty, Du Soleil, Dablino, Desperados FRH …)

Ensuite, Holga m'a envoyé pendant un an chez Hubertus Schmidt pour m'encourager à voir un autre système et continuer à prendre de l’expérience.

Holga m'a ensuite offert un poste de cavalier de concours dans ses écuries en Basse Saxe (près de Verden) pendant 2 ans.

J'y ai ensuite rencontré ma femme et nous avons déménagé en Westphalie où nous avons eu une double opportunité professionnelle : elle dans une écurie de commerce et moi juste à côté chez Rudolf Zeilinger à mi-temps (NDLR : entraineur du Danemark pendant 19 ans et désormais entraineur de l'équipe d'Espagne, Rudolf Zeilinger participait aussi à la formation de Daniel Bachmann Andersen, Andreas Helgstrand ou encore Anna Blomgren). J'ai aussi à ce moment-là commencé à travailler à mon compte, à mi-temps, dans la même écurie que ma femme : nous avons lancé notre propre business en parallèle de nos emplois respectifs.

Finalement après 2 années passées en Westphalie, nous avons franchi le pas de nous installer dans nos propres écuries et développer notre société THOMSON HORSES près de Brème en Basse Saxe.

En tant qu'étranger, à quelles difficultés avez-vous été confronté ?

Tout d'abord à court terme, la barrière de la langue était relativement présente car je ne parlais pas allemand et j'avais un niveau en anglais assez médiocre. Mais l’accueil très cordial que j’ai eu dans les premières écuries m’a tout de suite immergé et permis d'être rapidement autonome en allemand et en anglais, pour le coaching, l'équitation ou la vie courante ! Le fait de quitter sa famille, ses amis et son pays natal est également une étape difficile à surmonter à moyen terme. Finalement le plus difficile reste de se faire sa place dans le milieu équestre allemand où le sérieux et la rigueur dans le travail sont tout aussi importants que le talent à cheval.

Quelles sont aujourd'hui vos activités ?

Ma femme et moi sommes actuellement installés à côté de Brème, dans nos propres écuries "THOMSON HORSES".

Nous avons créé une écurie d’entraînement en Dressage, qui comprend environ 30 chevaux de compétition et de commerce et 6 employés. Nous travaillons également en étroite collaboration avec un éleveur, HOF BRUENING, à qui nous louons nos écuries ainsi que le haras GESTUET W.M. pour lequel nous gérons la carrière sportive des étalons (NDLR : Gestuet W.M, où sont notamment stationnés les étalons Secret et Bon Courage).

Avez-vous des ambitions sportives sous les couleurs françaises ?

Actuellement mes ambitions sportives sont secondaires car je me consacre principalement à dresser, à la maison, des chevaux pour la compétition et pour les propriétaires qui nous font confiance. Je me concentre aussi sur l'entrainement de ma femme et nos cavaliers qui présentent les chevaux en concours. Il est très difficile d'arriver à tout combiner en même temps, tout en prenant en compte les offres commerciales quand on souhaite garder les chevaux pour le haut niveau. Les résultats réalisés par des chevaux que nous avons découverts, formés ou vendus, avec leurs nouveaux cavaliers ou ma femme, me réjouissent autant qu’une carrière sportive personnelle à haut niveau (NDLR : citons par exemple Daily Mirror : membre de l'équipe d'Allemagne et vainqueur des étapes Coupe du Monde de Budapest et Salzburg en 2018 avec Benjamin Werndl, Sagami qui débute actuellement le Grand Prix à plus de 72 % lui aussi avec B.Werndl, Fairytale : membre de l'équipe suédoise des derniers Championnats d'Europe Juniors, Duisenberg qui débute le Grand Tour avec l'allemande Jessica Suss, Callaho´s Benicio, monté par Jessica Lynn Thomas de 6 à 12 ans, Bon Coeur, vendu à la suédoise Caroline Darcourt et réserviste des Championnats du Monde des 7ans, Quizmaster : Champion d'Allemagne à 3 ans avant de participer aux Championnats du Monde des 5 ans avec Sascha Schulz, ou encore Santo monté sur le Grand Prix en international par la russe Margarita Sotnikova). Cependant, peut-être qu’un jour, j'aurais la chance ou que je prendrais le temps de garder un cheval pour le haut niveau et alors oui, je serais très fier de représenter les couleurs françaises en international.

Quel regard portez-vous sur le dressage en France et quels sont selon vous les grands atouts de l'Allemagne ?

Le dressage en France est en pleine évolution et je pense que nous sommes sur la bonne voie grâce notamment à l'arrivée de nouveaux investisseurs qui font beaucoup d'efforts pour aider notre discipline à se développer à haut niveau. La France possède suffisamment de très bons cavaliers et entraîneurs qui peuvent être compétitifs en international, même s'ils manquent souvent de ressources ou de soutien économique pour se maintenir à haut niveau. L’élevage de jeunes chevaux de qualité est également en pleine croissance grâce à de nombreux éleveurs de chevaux de dressage qui s'ouvrent aux meilleures génétiques européennes pour améliorer la qualité de leurs produits. Je pense que lorsque tous ces différents acteurs principaux de la filière équestre réussiront à former ensemble un système solide et durable pour le haut niveau, soutenus par notre Fédération, alors la France pourra espérer une médaille par équipe dans un grand championnat.Ce système qui réunit les cavaliers, les entraîneurs, les éleveurs et les investisseurs et la Fédération est selon moi le plus gros atout de l’Allemagne. Comme on le dit souvent seul on va vite, ensemble on va loin...

Quelles sont désormais vos relations avec la France ?

J'entretiens de très bons contacts avec la France car le commerce de chevaux de dressage est en pleine actuellement expansion et beaucoup d’entraîneurs ou de cavaliers professionnels français viennent chercher chez nous leurs futurs talents de demain. J'essaye aussi d'aider les jeunes cavaliers motivés qui souhaitent venir en Allemagne prendre de l’expérience. Nous avons régulièrement dans nos écuries des français ou des suédois qui font une première expérience à l’étranger au sein de notre équipe car, grâce à nos différentes nationalités, nous avons moins de barrière de la langue, mais nous les immergeons tout de même pleinement dans le système allemand.

Quels conseils auriez-vous à donner à un cavalier qui souhaiterait lui-aussi s'expatrier ?

Je ne pense pas être en mesure de donner des conseils à qui que ce soit car chacun doit établir son propre projet professionnel avec ses propres qualités intrinsèques. Je crois cependant que, dans une certaine mesure, la rigueur, la détermination et la passion pour ce métier sont tout aussi importants que le talent à cheval. Je pense qu’il m’a fallu une bonne dose d’énergie, de courage et surtout oser prendre des risques et aller vers l’inconnu. Travailler sérieusement, ne pas compter ses heures, être patient et déterminé permet de se créer des opportunités qui sont indispensables à la réalisation d’un projet personnel. Il faut aussi avoir de la chance mais elle se provoque en fonçant, pas en l'attendant.

Plus d'infos sur les écuries THOMSON HORSES sur :

crédit photos : Collection privée/DR


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