Corentin Pottier : Gotilas a les moyens d'aller aux Jeux Olympiques
Champions de France des 7 ans, 12 ème des Championnats du Monde cet été à Ermelo, Corentin Pottier et son Gotilas du Feuillard font partie des couples français remarqués en 2018. A quelques heures de 2019, le cavalier de Pamfou fait le point sur ses ambitions pour la saison prochaine.
- Gotilas du Feuillard a montré d'intéressantes qualités cette saison. Comment abordez-vous le travail hivernal ?
La saison a été longue, surtout pour des chevaux de sept qui évoluent déjà à un niveau proche du Saint Georges. Les exigences sont élevées, Gotilas n’avait aucune expérience en concours. Après les Championnats de France, Gotilas a eu des vacances et travaillons désormais pour la suite. Après les 7 ans, plusieurs choix se posent : soit passer sur le Petit Tour, le Medium Tour ou le Grand Tour. Nous avons toujours comme objectif final le Grand Prix, surtout quand les chevaux en ont le talent, comme c'est le cas de Gotilas. Il s'avère qu'il a énormément de qualités pour le piaffer, le passage et tout le rassembler, nous opterons donc peut être pour une transition en douceur vers le Medium Tour. Ce sont de bonnes épreuves pour apprendre et aborder les difficultés du Grand Prix, avec moins de pression. Ce sera notre objectif de la saison prochaine même si nous verrons comment il évolue pendant l'hiver et adapterons sans hésiter le programme en fonction de son évolution.
- La production de Totilas est parfois davantage marquée par sa capacité à se laisser généreusement dresser que par l’exubérance de sa locomotion. Est-ce une qualité que vous retrouvez chez Gotilas ?
J'ai déjà abordé cette question avec Matthias Alexander Rath qui était au Mans lors des Championnats de France des 7 ans. Je lui ai dit que j'avais rarement monté un cheval si généreux. Il m'a donc expliqué que c'était une des grandes qualités de ses produits. Gotilas ne dit jamais non, même si ça ne l'empêche pas de s'exprimer ! Quoi que je lui demande, il l'aborde avec enthousiasme. Il veut toujours bien faire, essayer, comprendre. C’est un cheval positif qui a malgré tout beaucoup de sang même s’il reste toujours contrôlable.
- Pourquoi en avoir fait l'acquisition en 2017 auprès de Barbara Clément Klinger ?
Nous n'étions pas du tout dans une recherche active. Grâce à notre activité de commerce à Pamfou Dressage, nous sommes amenés à voir beaucoup de chevaux. Quand je l'ai essayé je me suis dit qu'il sortait de l'ordinaire, qu'il avait quelque chose que les autres n'ont pas. Il n'était pas forcément exubérant. C'était cependant un savant mélange de talent pour le rassembler et de générosité : on sentait que le piaffer était presque un jeu pour lui. Nous nous sommes donc dit que c'était un bon cheval pour le futur.
- On vous a aussi vu avec Dewi M (Sandro Hit*Jazz), une autre KWPN avec beaucoup de qualité.
C'est une excellente jument avec des qualités incontestables, trois allures fantastiques, beaucoup d’aptitude et un caractère entier. Dewi a été très performante en 6 ans. Elle est aujourd'hui prête pour le Grand Tour, elle a d'ailleurs un excellent travail piaffer/passage. C’est une jument qui demande néanmoins de la patience et du tact et nous tenons à l’amener avec sérénité vers la compétition en Grand Prix. Nous devons nous adapter à l’unicité de nos chevaux afin de permettre à chacun d’exprimer tout son talent.
- Avez vous d'autres chevaux destinés au sport ?
L’histoire de Gotilas est une exception. En général nous achetons des foals que nous laissons grandir. Nous avons donc la chance d'avoir beaucoup de jeunes chevaux qui nous attendent derrière. Mon cheval de tête, Gotcha a fait son dernier Grand Prix avec moi à Saint Lo. Il refera une saison l'année prochaine sur les Jeunes Cavaliers avec Ella Lostria Magnusson. Pour la suite, nous comptons notamment sur Dancing Highness qui prendra 7 ans en 2019 et a aussi participé au championnat du monde l’été dernier. Nous avons une autre jument du même âge, trois chevaux qui vont prendre 6 ans, un 4 ans, deux 2 ans. Nous sommes vraiment dans l'optique de dresser pour le Grand Prix et sommes prêts à les attendre le temps nécessaire.
- Comme d'autres cavaliers avez-vous le regard tourné vers les Jeux Olympiques de Paris ?
Oui et non ! Bien évidemment, des olympiades à Paris, ça fait rêver. Quel cavalier n'en aurait pas envie. Je pense que mon cheval en est capable. Néanmoins les Jeux Olympiques sont dans 5 ans et demi et on ne sait jamais ce qui peut se passer, pour le cheval, comme pour le cavalier. Si le cheval est prêt et performant et que tout est réuni, alors peut-être, mais je ne me lève pas tous les matins en pensant à ça, car si ça devient votre unique motivation, c'est le meilleur moyen de perdre sa ligne de conduite. Les Jeux Olympiques sont tellement loin, tant en terme de niveau, de temporalité, de structure et d'organisation de notre sport, que je ne pense pas qu'à ça, même si bien sûr, être cavalier olympique change une vie.
- Avez vous changé votre méthode de travail pour Gotilas du Feuillard ?
Pas du tout. Avec Isabelle et Camille, nous avons la chance de former une bonne équipe. Ça ne veut pas dire que nous ne sommes pas ouverts à autre chose. Nous travaillons aussi avec Norbert van Laak, moins souvent que ce que nous souhaiterions d'ailleurs. Nous n'allons pas changer notre façon de travailler sous prétexte de ses spécificités ou de ses facilités. Nous n'allons faire ni plus, ni moins. Je pense que notre façon de travailler fonctionne. Je ne vais rien changer car je sais de quoi il est capable.
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